Hier matin, devant le tribunal de Boufarik (cour de Blida), un sexagénaire ne cessait de caresser son bouc assez fourni par une barbe d'une semaine, en s'exclamant: «Où est donc la justice prônée par le président de la République?» Une justice si décriée ici à Boufarik que l'on a peine à croire que l'équipe en place ne puisse venir à bout des menus problèmes posés çà et là. Il n'y a qu'à voir le changement notable à la porte de la bâtisse, la courtoisie mêlée à de la fermeté du personnel pour s'apercevoir que cet environnement annonce des jours meilleurs pour les justiciables. Mais pour Med Fodhil, le propriétaire des vergers du domaine ex-Osmani Mustapha de Chebli, ce même propriétaire qui a acquis ces terres auprès des propriétaires Bellili et consorts en 2001, n'arrive pas à comprendre le pourquoi du blocage de la situation liée à la non-exécution d'une décision de justice datée du 29/10/2002 concernant l'expulsion des indus occupants (sept personnes au total et non vingt-neuf familles comme annoncé par l'un des sept indus occupants). Fort de la remise d'une lettre main en main de Med Fodhil au président de la République, en tournée d'inspection dans la région en août 2003, le propriétaire estime qu'aucune force ne peut arrêter le processus de l'expulsion légale sous toutes ses formes. Avec la tentative du 21 mai 2005, est venue s'ajouter celle du 25 du même mois qui a vu les gendarmes de Chebli refuser de prêter main forte à l'huissier sous prétexte de l'indisponibilité des éléments de la brigade. Le même jour, la wilaya a dépêché des préposés qui ont effectué une mini-enquête et décidé donc, en l'absence de l'huissier de surseoir à l'exécution de justice concernant la main levée sur les terres agricoles proprement dites, à l'exception de quelques habitations (trois) qui ont été aménagées illicitement et à la hâte, durant les années noires du terrorisme. Car il faut souligner qu'en 1992, la wilaya a annulé le droit de jouissance des parcelles des terres agricoles en prenant la précaution de recaser les ex-attributaires à Ouled Slama (wilaya de Blida). Evidemment, cette décision de la wilaya a été prise en conformité d'une décision de justice, décision définitive, il est bon de le préciser. Qu'adviendra-t-il ? Une enquête urgente est à diligenter car la mort lente des vergers, des puits et autres richesses, est en train de perdurer au nez et à la barbe de l'Etat de droit, sans compter la course quotidienne de Med Fodhil entre les juridictions avec l'entêtement que la justice va triompher. Et il ajoute, les yeux fixes : «Tant qu'on n'a pas débusqué les meneurs obscurs qui gênent l'avancée et la victoire de l'Etat de droit cher au président de la République, rien ne pointera à l'horizon.».