Les mariages de nos jours n'ont rien à voir avec les rituels de nos ancêtres. Le mariage est l'union sacré entre deux êtres pour le meilleur et pour le pire, principe dans une société en mutation permanente. Les mariages de nos jours n'ont rien à voir avec les rituels de nos ancêtres. La matière et l'exhibition ont pris place et la concurrence à la fête la plus en vue fait rage. Cette évolution est en train de reprendre même dans les coins les plus enclavés. Bouira a la caractéristique de contenir une pluralité culturelle dont le mariage et sa célébration. Haizer, une région berbérophone, détient des traditions qu'on ne retrouve pas plus au Sud. Ainsi la mariée dans cette région en amont du Djurdjura doit aller remplir dès son premier jour dans son nouveau foyer, une cruche d'eau à la source. Chez les montagnards qui continuent à s'accrocher aux anciennes valeurs, la symbolique de l'eau est importante. La mariée se purifie et exprime à travers ce rite son obéissance à la famille du mari. La cellule familiale éclatée et la vie en communauté favorisent ce genre d'action. En ville, rien à voir. Le couple qui vit souvent seul opte pour une organisation occidentale. Ainsi lors des mariages, les cortèges, les fleurs, les robes blanches...sont monnaie courante. Même si le choix de la fille revient souvent aux parents qui ont leur mot à dire, il demeure que les nouveaux époux organisent des célébrations modernes. La prolifération des salles qui offrent des services et leur sollicitation penchent vers cette hypothèse. Toujours dans la même région et dans toutes les zones berbérophones, le mariage était souvent l'occasion propice pour des retrouvailles de la grande famille que les raisons sociales ont dispersée. C'est l'opportunité pour les d'arranger d'autres unions. De nos jours, les invitations se font sur papier, les cadeaux achetés ont remplacé l'apport en denrées, argent que consentaient les membres de la famille en guise d'aide aux mariés. S'agissant des bijoux, la partie kabyle de la wilaya continue à utiliser les offrandes en argent, une spécificité qui n'a pas échappé à la déperdition des valeurs puisqu'en ville l'or a pris la place de l'argent. Dans la partie arabophone, synonyme d'une autre tradition, les mutations ne dérogent pas à la règle. Fini le temps des mariages familiaux réglés en un tour de main entre les pères. Les unions étaient arrangées aux marchés hebdomadaires. L'imam, seule autorité aux yeux des parents, ficelle l'union sans avis des concernés. La télévision, le niveau intellectuel, ont permis l'abolition de cette tradition qui engendre de sérieux dégâts avec le temps. L'école aussi a une grosse part de responsabilité dans ce changement. La religion continue toutefois à imposer certaines traditions. La bénédiction de cheik Lamouri, dans la région de Guelta Zerga, fait partie des rites les plus importants. La mariée accompagnée de sa famille doit rendre visite à la zaouïa après sa lune de miel. Le jour «J», si un enfant, souvent frère de la mariée, monte sur le capot d'une voiture, les parents du marié doivent verser une somme d'argent à cet enfant. Entre ces deux versions du mariage, il y a les villes ou grandes agglomérations où le mariage n'a aucune relation avec le passé. La fête est saisie pour exhiber l'aisance. Ainsi le nombre de voitures, les gammes et types de véhicules sont déterminants. Au risque de mettre en péril tout le monde, certains inconscients vont jusqu'à défier le code de la route en engageant des rallyes à l'occasion du transport de la mariée ou du marié. Le tapage nocturne et les hauts débits obligent les riverains à savoir que un tel s'est marié. La présence de jeunes filles habillées pour la circonstance est l'autre signe ostentatoire par lequel chaque famille tente d'impressionner l'autre. Une nouvelle donne à considérer comme positive est que les mariés souvent partent en voyage de noces. Malgré les grandes mutations, le mariage continue d'être un instant crucial dans la vie d'un couple. Si le modernisme a sérieusement affecté les valeurs anciennes, il demeure toutefois que dans certaines contrées, on arrive à allier le nouveau et l'ancien. Le mariage continue à être le lien entre des familles, à être une occasion de retrouvailles et une opportunité pour les vieilles de danser. Pour l'ironie, nous reprenons une citation qui disait que dans la jeunesse, on fait deux choix, la fonction et l'épouse, puis on a une vie entière pour regretter ces choix.