Marquée par plusieurs décisions contestées, la finale de la coupe de la Ligue de France a montré que l'arbitrage vidéo était encore en rodage. Même si la performance du PSG face à l'AS Monaco (3-0) est incontestable, l'assistance vidéo, utilisée pour la première fois en finale, soulève encore quelques interrogations. La vidéo peut être réclamée dans quatre cas: après un but, sur une situation de penalty sifflé ou non, sur une exclusion directe et sur une erreur d'identité. Les deux premiers cas ont animé le choc de samedi. Malgré la confusion - penalty, puis hors-jeu, puis re-penalty - sur l'ouverture du score du PSG, la décision prise par le seul arbitre français du Mondial russe est juste. Si son assistant ne l'avait pas induit en erreur, Clément Turpin n'aurait même pas eu besoin de la vidéo. Sur le but refusé à Falcao, il est alerté par ses collègues présents (Amaury Delerue et Nicolas Rainville) dans le camion vidéo hors du stade sur un hors-jeu du Colombien.Enfin, sur la possible main de Cavani, Turpin prend la bonne décision en laissant jouer. Au final, même Falcao, qui a pourtant parlé de «honte» à chaud, ne juge pas le fond, mais la forme. «Je ne comprends pas que l'arbitre aille voir l'écran vidéo sur le penalty alors qu'il n'y va pas sur mon but. Sur la situation avec Cavani, il n'arrête pas non plus le match pour voir s'il y a main». Si les situations ne sont pas claires pour Falcao, acteur du match, elles ne le sont pas plus pour le spectateur, ni le téléspectateur. Clément Turpin, qu'on ne peut taxer de manque de pédagogie, a essayé d'expliquer ses décisions aux joueurs. «Il y a faute, puis hors-jeu», lit-on sur ses lèvres pour justifier sa décision sur le penalty. Mais il ne précise rien sur les deux autres actions polémiques. L'apparition d'un micro ou d'informations sur les écrans du stade pourrait éclaircir les faits. On ne découvre rien: la vidéo implique des temps morts. «Les décisions ont été en notre faveur donc on va dire qu'on est content, mais la vidéo, c'est compliqué, ça refroidit les joueurs. Tout le monde est dans l'attente, c'est un petit peu relou (sic)», estime Presnel Kimpembe. Entre le premier coup de sifflet de Clément Turpin sur l'action du penalty (à 3'59 ́ ́) et le tir de l'Uruguayen (à 7'29 ́ ́), trois minutes et 30 secondes défilent. Sur le but refusé à l'AS Monaco, les joueurs ont attendu la décision finale une minute et 28 secondes. C'est trop pour un sport plus rythmé que le rugby. Saïd Ennjimi, ancien arbitre «Ça risque de faire du mal au football» Ancien arbitre professionnel (2005-2017), Saïd Ennjimi livre livre un avis éclairé sur l'utilisation de l'assistance vidéo en cours de match. Si le procédé est à première vue très utile, il peut, selon lui, être problématique dans un certain contexte. «La vidéo, si jamais elle est utilisée de manière trop excessive, et dans des phases de jeu où il y a de l'interprétation, risque de faire du mal au football». Dans ces situations précises, «le débat s'ouvre et il n'y a plus de fin» ce qui risque «de tuer l'émotion», s'inquiète-il. Pour cette raison, il recommande de limiter l'assistance vidéo à «des décisions binaires», et de laisser l'interprétation à l'arbitre.