Depuis l'appel du président Arafat, le calme revient peu à peu dans les territoires occupés. Mais l'actualité est dominée par l'interdiction faite au président Arafat d'assister à la messe de Noël à Bethléem «Personne ne pourra m'empêcher de me rendre à Bethléem», affirme le président de l'Autorité palestinienne, ajoutant: «Je m'y rendrai même à pied.» Cette affaire politico-religieuse a tendance, ces derniers jours, à prendre le pas sur une actualité marquée, depuis l'appel de l'Aïd el-Fitr de Yasser Arafat, par une accalmie de bon aloi. Ce répit que connaissent les territoires occupés, s'est encore consolidé après l'acceptation par Hamas de la trêve décrétée par le président palestinien, à laquelle a souscrit, à son tour, le Jihad islamique. Ces mesures prises par la partie palestinienne pour restaurer le calme dans la région n'ont pas satisfait les Israéliens qui demandent encore plus à un président Arafat dépouillé de ses derniers lambeaux d'autorité. En effet, de quelle autorité peut encore se prévaloir un homme pratiquement assigné à résidence à Ramallah comme signifiée à Yasser Arafat? Ce dernier, bloqué depuis le 3 décembre à Ramallah, ne dispose même pas des avions et des hélicoptères de l'Autorité autonome, tous détruits par l'armée israélienne lors du bombardement de l'aéroport de Ghaza. C'est dans ce contexte qu'interviennent les fêtes de la Nativité auxquelles le président palestinien avait pris l'habitude d'assister, depuis la libération de Bethléem en 1995. Cependant, empiétant sur le libre-arbitre des gens, Sharon décide d'interdire à Arafat de se rendre à Bethléem. Or, non content de mettre en demeure un président, même aussi peu pourvu de pouvoir que M.Arafat, de ne pas quitter la ville de son assignation, Israël se permet de porter un jugement de valeur sur le fait que Yasser Arafat soit un musulman allant jusqu'à déclarer, comme le fait un porte-parole du cabinet Sharon, que cette décision «ne limite pas les droits religieux de Arafat», alors que celui-ci est surtout le président de tous les Palestiniens quelle que soit leur confession, et que c'était son devoir d'honorer les fêtes de la Nativité de ses compatriotes chrétiens. Ce qu'il ne manque pas de faire depuis la libération de la ville ou est né Jésus Christ: Bethléem. Ce qui est tout de même curieux, c'est le silence de la communauté internationale devant ces dépassements du gouvernement israélien et sa volonté délibérée d'humilier le président de l'Autorité palestinienne. Face à cette détermination manifeste de rabaisser le président palestinien, le secrétaire général du gouvernement palestinien, Ahmed Abderrahmane en appelle au pape: «J'appelle le pape (Jean-Paul II) à intervenir pour mettre un terme à cette atteinte à une tradition religieuse (...)», indiquant que «le peuple palestinien est en colère». Dans une déclaration à la presse, le maire de Bethléem, Hanna Nasser, affirme: «Cette décision est stupide et irresponsable. Les Lieux saints ne sont pas libres d'accès et cela leur retombera dessus (aux Israéliens), car ils essaient d'humilier l'Autorité nationale palestinienne. C'est un très mauvais signe et cela ne va pas du tout faciliter la situation.» Alors que la communauté internationale garde le silence ne condamnant pas cet abus de pouvoir des autorités israéliennes, en Israël, même, des ministres, à l'instar de Shimon Peres et Binyamin Ben Eliezer, désapprouvent l'interdiction. C'est encore le curé de Ghaza, le père Manoël Moussallam, qui aura le dernier mot en décidant de célébrer aujourd'hui à midi, en signe de deuil, la messe de Noël de minuit, dénonçant «l'arrogance des Israéliens qui se permettent d'interdire à Arafat de se rendre à Bethléem» déclarant: «Il faut que le monde, le pape (Jean-Paul II), les Américains nous comprennent. Que feront les Israéliens de plus, que de nous interdire de prier?» En effet, que peut faire de plus Sharon pour prouver que ce n'est pas sous son règne que la paix a des chances de s'installer au Proche-Orient et dans les territoires palestiniens?