La guerre commerciale ne fait que commencer «La Chine, l'Union européenne et les autres manipulent leur monnaie en baissant leurs taux d'intérêt, alors que les Etats-Unis augmentent leurs taux avec un dollar devenant de plus en plus fort tous les jours, ce qui dégrade notre compétitivité», s'est indigné le président Trump. Le président américain Donald Trump a accusé hier l'Union européenne et la Chine de manipuler leur monnaie, après avoir vivement critiqué la Banque centrale américaine qui a resserré le coût du crédit. «La Chine, l'Union européenne et les autres manipulent leur monnaie en baissant leurs taux d'intérêt, alors que les Etats-Unis augmentent leurs taux avec un dollar devenant de plus en plus fort tous les jours, ce qui dégrade notre compétitivité», s'est indigné Trump dans un tweet. «Comme d'habitude, ce n'est pas juste», a-t-il affirmé. Selon lui, il y a là une volonté concertée de «pénaliser» les Etats-Unis «parce qu'ils vont bien» et la décision de la Banque centrale vient «faire du tort à tout ce que nous avons fait» depuis le début du mandat. Cette sortie intervient alors que les polémiques autour du sommet d'Helsinki font toujours rage, notamment au Congrès où les démocrates sont rejoints par quelques ténors républicains dans leurs condamnations de la tournée européenne du président Trump. Mais, en toile de fond, il y a également la guerre commerciale que le locataire de la Maison-Blanche a déclenchée contre la Chine, l'Union européenne, le Mexique, le Canada et le Japon... Excusez du peu. L'administration Trump a en effet lancé une guerre commerciale tous azimuts, dont il sera fortement question aujourd'hui et demain, lors des discussions du G20 Finances, en Argentine. S'agissant de la Chine, les Etats-Unis ont commencé par imposer des taxes à l'importation des machines à laver, des panneaux solaires, de l'acier et l'aluminium, soit 34 milliards de dollars de produits chinois. Puis Washington a annoncé, le 10 juillet, l'ajout d'une nouvelle liste de produits visés, portant à 200 milliards de dollars les taxes de marchandises chinoises supplémentaires, concernant aussi bien les poissons que les pneus, le papier et les produits chimiques. Et comme si cela ne suffisait pas, d'autres taxes de 10% vont tomber en septembre au terme d'un processus d'évaluation. Grisé par les effets d'annonce, Donald Trump a imposé d'abord des taxes de l'ordre de 250milliards de dollars aux produits chinois, puis envisage très sérieusement de les porter à 450 milliards après la divulgation du volume global des importations chinoises aux Etats-Unis, la semaine dernière, à savoir 505 milliards de dollars pour l'année 2017 à rapporter au chiffre du déficit américain qui atteint 375 milliards de dollars seulement en ce qui concerne les marchandises. Pour l'administration Trump, il s'agit là d'un déficit abyssal «intolérable» auquel s'ajoute un «vol» des droits de propriété intellectuelle, les questions de barrières non-douanières et des transferts de technologie dont bénéficient les joint-ventures sino-américains. Pékin voit d'un mauvais oeil cette panoplie de mesures coercitives et accuse Washington de mener «la plus grande guerre commerciale de l'histoire économique». Des mesures de rétorsion ont été mises en oeuvre pour 34 milliards de dollars d'importations de produits américains en même temps qu'une plainte a été déposée auprès de l'OMC contre les Etats-Unis coupables d'enfreindre les règles de l'organisation internationale. L'Union européenne n'est pas mieux lotie puisqu'elle a dû répliquer à des mesures sur l'acier et l'aluminium en relevant les droits de douane sur 2,8 milliards d'euros (3,2 milliards de dollars) de produits américains. Ceci dans un premier temps, des taxes additives porteront sur 3,6 milliards d'euros, en cas de victoire face aux Etats-Unis devant l'OMC. La grande peur des Européens a trait aux taxes sur les véhicules dont les importations sont conséquentes au point que la chancelière allemande, Angela Merkel, «offre» à Donald Trump une baisse substantielle des droits de douane dans ce secteur. Outre la Chine et l'Union européenne, le Canada, le Mexique, le Japon et l'Iran subissent, chacun dans un domaine spécifique, les mesures de rétorsion américaines. Pour l'Iran, les décisions sont évidemment politiques puisque le retrait de l'accord sur le nucléaire a entraîné le rétablissement des sanctions, certaines aggravées et d'autres carrément nouvelles, ainsi que la volonté clairement affichée d'empêcher les exportations de pétrole du régime iranien. On le voit, Trump fait face à beaucoup de pays et le mécontentement est quasi général. Si à la colère des pays étrangers s'ajoute celle des milieux politiques américains, nul doute que la situation du magnat de l'immobilier va connaître des secousses telluriques difficiles à classer sur l'échelle de Richter.