L'après-pétrole a déjà commencé D'un coût de près de 6 milliards de dollars, le projet intégré est l'un des plus grands de la décennie, voire des 20 dernières années, dont l'impact socio-économique sur le pays sera énorme. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia sera aujourd'hui à Tébessa pour présider la cérémonie de signature d'un accord de partenariat entre les groupes algériens Sonatrach et Asmidal-Manal, et les groupes chinois dirigés par la Société Citic, pour le lancement du projet intégré pour l'exploitation de phosphate. Lors de ce déplacement, le Premier ministre sera accompagné des ministres de l'Intérieur, Nouredine Bedoui, de l'Energie Mustapha Guitouni et de l'Industrie et des Mines Youcef Yousfi. La forte présence des membres du gouvernement dénote de l'importance du projet qui va être lancé. D'un coût de près de 6 milliards de dollars, le projet intégré d'exploitation et de transformation du phosphate est l'un des plus grands de la décennie, voire des 20 dernières années, dont l'impact socio-économique sur le pays sera énorme. Avec ce mégaprojet, l'Algérie réussira à se désengluer de la rente pétrolière et à engendrer une synergie de développement dans tout le pays. Le pôle industriel détenu à hauteur de 51% pour la partie algérienne contre 49% pour la partie chinoise, devra voir le jour dans les quatre prochaines années. Il est composé de plusieurs parties. A Tébessa où le coup d'envoi sera donné aujourd'hui par le Premier ministre, il s'agit de l'exploitation de la mine de Bled El-Hadba dont l'aménagement coûtera 1,2 milliard de dollars. Dans une seconde étape, deux plates-formes seront créées. Celle de Hadjer Kebrit à Souk Ahras (2,2 milliards de dollars) et la plate-forme de Hadjar Essoud à Skikda (2,5 milliards de dollars). Enfin, une extension du port de Annaba d'un coût de 0,2 milliard de dollars sera également réalisée. Pour Ferhat Ounnoughi, le conseiller du P-DG de Sonatrach, ce pôle imposant «constitue un pas vers la création de l'industrie minière». «Un intérêt particulier est accordé par l'Etat à ce projet de portée nationale qui devra contribuer à créer des richesses et consolider la stratégie de valorisation des richesses minières», a-t-il précisé ajoutant que pas moins de 500 milliards de DA seront mobilisés pour la réalisation des infrastructures nécessaires dans les quatre wilayas concernées par ce mégaprojet. En ce qui concerne les retombées socio-économiques, elles sont énormes, selon les responsables mêmes du projet. Pas moins de 3000 postes de travail directs seront créés, à la mise en exploitation du pôle en 2022, alors que les chantiers de réalisation à travers les quatre wilayas assureront 14.000 postes d'emploi. Le complexe de phosphate garantira des revenus en devises à hauteur de 1,9 milliard de dollars par an. Il permettra également l'exploitation du phosphate du gisement de Bled El-Hedba, d'une capacité de 500 millions de tonnes et assurera la production des dérivés du phosphate, engrais phosphoriques, acide d'ammoniaque et autres matériaux utilisés dans diverses activités économiques. L'investissement augmentera, par ailleurs, la capacité de production du phosphate, à l'échelle nationale, estimée actuellement à 2 millions de tonnes/an, pour atteindre 10 millions de tonnes/ an avec l'entrée en service de ce mégaprojet. Des retombées positives sur d'autres secteurs sont également attendues. A commencer par les chemins de fer. Avec un flux de production à acheminer par voie ferroviaire qui atteindra 17 millions de tonnes/an, il faudrait penser au dédoublement de la voie minière reliant Bled El-Hadba à Annaba avant 2022. Le port de Annaba prévoit également une extension de 42 ha, destinée à l'exportation des produits finis et à l'importation du soufre. Côté industrie, l'Algérie aura l'opportunité de créer une industrie manufacturière structurante et peut, en y mettant de la volonté, devenir l'un des plus grands pays exportateurs d'engrais. Autre secteur stratégique qui sera considérablement développé avec un surcroît d'engrais, est celui de l'agriculture. Ce qui va permettre d'assurer la sécurité alimentaire et de créer une véritable toile de PME pour l'industrie agroalimentaire. Pour le wali de Tébessa, Attallah Moulati, le projet intégré «métamorphosera la région de Tébessa et contribuera à créer des richesses et des centaines d'emplois pour les jeunes». Il n'a pas tort, mais l'Etat a une vision beaucoup plus globale et vise, avec un projet d'une telle importance, à propulser le pays vers le développement.