Ex-ministre de l'Intérieur, M.Habib Ammar est le président du comité de préparation du Sommet mondial sur la société de l'information. A l'issue de la visite qu'il a animée sur le site devant accueillir cette manifestation scientifique de l'ONU, il a bien voulu nous accorder cette interview. L'Expression: Dans quelles circonstances se prépare le Sommet mondial sur la société de l'information? M.Habib Ammar: D'abord, il faut savoir que c'est un sommet de l'ONU. Il a été décidé par l'Assemblée générale de l'ONU en 2001. Ce sommet s'est préparé en deux phases: la première à Genève dès 2003 et la deuxième, actuellement à Tunis. Les Nations unies avaient décidé de confier à l'Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève d'être nos vis-à-vis, et la Tunisie est le pays hôte qui organise cette manifestation sur le plan de la logistique. Ainsi, en tant que pays hôte, monsieur le président Ben Ali a désigné deux commissions. Un comité présidé par le ministre des Technologies de la communication, qui a pour mission d'intégrer la société civile, de représenter le gouvernement tunisien vis-à-vis des demandeurs, de participer aux discussions relatives au contenu qui concerne le financement, l'Internet, la liberté d'expression et d'autres thèmes inscrits au programme. L'autre comité que j'ai l'honneur de présider après ma désignation par M.le président de la République, s'occupe de la préparation logistique et matérielle. C'est une manifestation différente de tout ce que nous avons organisé auparavant. C'est la première fois qu'un pays arabe et africain organise un somme mondial de cette envergure, c'est-à-dire un sommet de l'ONU où les 192 pays de l'ONU seront présents, même certains pays non membres de l'ONU vont participer, il y aura 197 pays. Donc cela nécessite une logistique particulière. La Tunisie a abrité les réunions de la Ligue arabe, du groupe 5+5, de l'Unité africaine, les jeux méditerranéens, et donc nous jouissons d'une grande expérience. Cependant, l'organisation de ce sommet est différente. Depuis la création de l'ONU en 1945, c'est le dixième sommet. Au plan logistique, nous avons commencé à préparer ce sommet avec l'UIT, notre vis-à-vis, selon un calendrier. Nous avons organisé des Prepcom et ensuite nous avons assisté au sommet de Genève. Cela nous a permis d'apprécier comment les Suisses ont préparé le sommet. C'était une expérience avantageuse pour nous. D'autre part, l'UIT nous a présenté un cahier des charges dans lequel sont regroupées toutes les demandes de l'UIT avec toutes les exigences précises. Par exemple, une salle plénière avec 2000 places assises équipées de tables et micro, un certain nombre de salles, un espace média entièrement équipé de moyens nécessaires, un studio pour la télé, etc. La demande s'accroît chaque jour. La Tunisie se devait de satisfaire cette dernière. A l'issue de la dernière réunion préparatoire à Genève, nous avons signé l'accord de siège dans lequel tous les aspects du sommet ont été identifiés, et toutes les responsabilités délimitées. En gros, dans le site du sommet, il est convenu qu'un espace sera sous l'autorité de l'UIT dans les domaines du protocole, de la sécurité et de la gestion du sommet. C'est l'UIT le gestionnaire et la Tunisie sera une délégation parmi toutes les autres. En dehors de cet espace de l'ONU, la Tunisie est responsable du protocole, de la sécurité. C'est à l'intérieur de l'espace de l'ONU que se tiendra le Sommet, qu'il y aura la place réservée aux présidents, aux chefs du gouvernement. L'accès ne sera autorisé qu'avec un badge spécial. Il est prévu aussi les salles pour les activités parallèles et le centre média. Un autre espace est réservé aux ministres et aux ONG. Dans cet espace géré par l'ONU, il se tiendra les activités programmées durant le Sommet toujours en plénière et gérées par l'ONU. La sécurité est du ressort de l'ONU puisque les agents de sécurité porteront même la tenue de l'ONU. Quant au deuxième espace, géré aussi par l'ONU, il sera réservé aux ONG qui traiteront des thèmes qui les intéressent dans des salles affectées par l'ONU. Je précise que la Tunisie est un pays ouvert et tolérant, elle accordera le visa à tous les participants, à l'exception de ceux qui seraient ou sont poursuivis par la justice tunisienne. D'autre part, je précise que les accréditations sont fournies par l'ONU. A l'extérieur du Palexpo où se tiendra le Sommet, la Tunisie est responsable de tous les aspects. Nous nous engageons à offrir tout le confort nécessaire à nos invités, la sécurité, le transport, etc. Notre but consiste à rendre le séjour agréable en garantissant l'hébergement, la restauration, le transport, la sécurité et le protocole pour les personnalités à leur arrivée à l'aéroport. Notre responsabilité prend fin à l'entrée du lieu du Sommet où commence celle de l'ONU. En dehors de l'espace, nous avons prévu une grande exposition sur les technologies à laquelle participeront 65 pays et plus de 600 exposants. Les plus grandes sociétés mondiales de technologies y exposeront leurs derniers produits et y annonceront leurs dernières découvertes. Je sais que Microsoft et Ericsson, entre autres, y présenteront leurs dernières découvertes. Le Sommet est une grande opportunité pour les sociétés. Qu'attend la Tunisie de ce Sommet? D'abord, faire connaître la Tunisie. Presque toutes les télévisions du monde seront présentes à Tunis, cela constitue une excellente opportunité pour faire connaître la Tunisie qui est un pays stable, un pays de paix, d'hospitalité. Les deux tiers des participants ne connaissent pas la Tunisie, nous désirons qu'ils découvrent la réalité tunisienne. Ils trouveront à leur arrivée, tout un peuple mobilisé autour de leur président, pour les accueillir. Guides, hôtesses, accompagnateurs, ils appartiennent aux grandes universités tunisiennes. Du volontariat! Avec leur enthousiasme, avec leur sentiment patriotique, ils veulent apporter leur concours. Ce Sommet permettra de constater que la Tunisie est un pays de paix où l'on peut se déplacer librement, aller du nord au sud sans contrainte. L'autre bénéfice est d'ordre économique : les hôtels, les restaurants, les taxis, les commerces vont travailler grâce à l'activité économique induite par le Sommet. D'autre part, les entreprises tunisiennes de technologie vont nouer des contacts et signer des contrats avec les grandes sociétés mondiales. Par la suite, après le Sommet, les résultats apparaîtront. Les répercussions bénéfiques du Sommet ne sont pas immédiates, elles le seront à moyen et long terme. On parlera demain de la Tunisie qui a abrité ce Sommet. Même les sociétés mondiales se rendront compte des compétences tunisiennes. Toute la logistique du Sommet est réalisée par des informaticiens et des sociétés tunisiennes. C'est notre plus grand gain que ce contact et ce rapprochement avec la communauté scientifique internationale.