La Tunisie est classée 34e parmi 104 pays utilisant les technologies de communication. Dans les organes de presse, dans les commentaires, dans les spots publicitaires vantant tel café ou tel yaourt, il ne se passe pas un jour en Tunisie où l'on n'évoque pas le Smsi. Question de fierté, d'honneur pour les citoyens, question de principe et d'engagement pour les organisateurs tunisiens de ce Sommet mondial sur la société de l'information dont l'organisation leur a été confiée par l'ONU. Confié par l'ONU n'est pas un groupe de mots anodins, cela signifie que l'ONU dispose de la latitude et des prérogatives pour faire participer à ce sommet, ou à d'autres précédentes manifestations, toutes les personnalités (qu'elles soient présidents, chefs de gouvernement, ministres ou autres) représentant un pays. Le pays hôte dans ce cas précis du sommet de Tunis, n'a aucun droit d'inviter, d'accepter, de refuser ou de refouler quiconque invité par l'ONU. L'espace même où se déroulera ce sommet est placé sous contrôle de l'ONU qui a dépêché son propre service de sécurité, ses propres agents... C'est ainsi l'usage et la tradition. Il est évident que de telles pratiques sont ignorées par l'opinion publique. Alors, comme la pauvreté s'abat sur le monde, certaines voix se sont empressées de condamner la Tunisie qui, selon elles, auraient permis au représentant d'Israël de fouler le sol tunisien. Allégation mensongère distillée par une opposition à l'affût de la moindre occasion pour fustiger le pouvoir en calomnie cultivée par «les fabricants de clichés trompeurs», il s'agit avant tout d'une contrevérité à laquelle succombent ceux qui n'ont aucune idée de fonctionnement de l'ONU. Ces derniers savent-ils par exemple que l'arrestation d'un journaliste à ce sommet et à toute activité de l'ONU à New York, Genève, Vienne ou Tunis est du ressort exclusif de l'ONU, qui peut accepter ou refuser d'autoriser un journaliste à accéder dans un lieu où elle organise ses activités. Même sur son territoire, la Tunisie ou un autre Etat ne peut s'ingérer dans les affaires de l'ONU. Ainsi donc, la présence ou non d'un représentant d'Israël au sommet de Tunis ne dépend ni de l'avis, ni encore moins du consentement de la Tunisie, mais exclusivement de l'ONU qui, elle-même, ne dispose d'aucune prérogative pour interdire à un de ses pays membres de participer à une réunion, ou à une session, nous précise un des représentants de l'ONU à Tunis. M.Hebib Ammar, président du comité d'organisation du sommet est aussi formel: «Notre mission consiste à préparer le site pour l'ONU qui sera entièrement géré par ses soins. La Tunisie est un participant parmi les autres. Les accréditations, le programme, les communiqués de presse, la documentation, tout, absolument tout, relèvent de l'ONU. Même la sécurité est assurée par l'ONU là où se tiendra le sommet, d'ailleurs, ses agents de sécurité sont présents à Tunis. Ils attendent que nous livrions les locaux. En ce qui nous concerne, nous assurons la sécurité des participants de l'aéroport au Palais du Kram et dans les hôtels ou séjournent les participants.» Notre interlocuteur aura remis au délégué de l'ONU hier, dimanche, les clefs du Palais des expositions du Kram où se tiendra le Smsi. Quelque 60 chefs d'Etat et de gouvernement ont confirmé leur présence à cette rencontre planétaire à laquelle sont attendus environ 17.000 participants. Le processus avait été lancé à Genève en décembre 2003 sous les auspices des Nations unies qui concrétisaient ainsi l'appel à l'organisation d'un sommet effectué par la Tunisie lors de la conférence de l'Union international des télécommunications, en 1998, à Minéapolis (USA). L'objectif principal de ce sommet consiste à mettre en oeuvre de nouvelles formes de partenariat entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé. Tunis sera la capitale mondiale du savoir technologique en vue de réfléchir aux meilleures voies pouvant permettre de réduire la fracture numérique (c'est-à-dire le fossé séparant les pays industrialisés et ceux en voie de développement en matière de technologies). Douze grandes entreprises japonaises spécialisées dans les numériques, exposeront leurs dernières créations aux côtés d'autres sociétés mondialement réputées pour leurs produits, sur une superficie de plus de 8000 m². Les sociétés tunisiennes, plus grandes bénéficiaires de ce Salon, seront présentes en force. Au total, 270 exposants de 69 pays occuperont les 163 stands aménagés à l'extérieur du Palais du Kram afin de permettre aux visiteurs tunisiens de «flirter» avec le monde du savoir technologique. Le voeu des organisateurs tunisiens consiste à rapprocher davantage les Tunisiens de la technologie, de l'Internet, du numérique. Un sommet mondial mais populaire par ses activités. D'ailleurs, il n'existe pas une ville, une entreprise ou une école tunisienne qui n'ait pas organisé dès le début de Ramadan un colloque, une rencontre ou une manifestation se rapportant au sommet et à ses incidences sur la société. Il est certain que ce Smsi donnera un nouvel élan à la pratique des nouvelles technologies en Tunisie où, déjà, il a été mis en place un réseau fixe de télécommunications dont la numérisation totale a été achevée en 1999 avec une densité téléphonique passée de 3 lignes pour 100 habitants en 1987 à 45 lignes pour 100 habitants en 2004. Aujourd'hui, selon le dernier recensement général de la population et de l'habitat (2004), près de la moitié des familles tunisiennes dispose d'un GSM et le nombre de sites tunisiens sur Internet a atteint 1750. Il s'agit là d'un cinglant démenti à ceux qui allèguent tout le contraire. Outre l'aménagement des routes, l'installation d'équipements performants, des fibres optiques reliant le centre de Belvédère au Palais du Kram ont été réalisées pour obtenir une liaison Internet à haut débit. Une immense salle de presse équipée d'ordinateurs et de lignes téléphoniques est mise à la disposition des médias. Pour immortaliser l'événement, une structure métallique symbolisant la fracture numérique a été installée près du Palais de la foire, et une fontaine cybernétique aux berges du lac. La vulgarisation de l'outil informatique à travers un vaste programme, les réductions successives des coûts de connexion, la connexion au réseau Internet de toutes les bibliothèques, des établissements universitaires, des centres de recherche, des lycées et des écoles, la mise en oeuvre d'un programme de «bus Internet» sillonnant les zones les plus reculées, le développement des «entreprises et administrations sans papiers», etc... ont hissé la Tunisie en leader (en Afrique et dans le monde arabe) dans le domaine de la conception et du développement des logiciels libres. Ayant pris conscience de l'importance des nouvelles technologies de la communication et de l'information, en tant que leviers essentiels pour la réalisation d'un développement durable, la Tunisie a élaboré une stratégie efficiente dans le but de renforcer les capacités nationales en matière d'infrastructures, d'institutions et de ressources humaines. Selon le rapport annuel 2004-2005 de Davos, la Tunisie est classée 34e parmi 104 pays utilisant les technologies de communication précédant l'Italie et la Russie. Cela signifie déjà beaucoup de choses. De grandes retombées sont attendues de ce sommet mondial sur la société de l'information dont nous parle M.Habib Ammar, le président du comité organisateur.