«On n'a jamais conditionné notre participation par des garanties sur la transparence du scrutin.» Sans surprise, le conseil consultatif du principal parti islamiste (MSP), a décidé à la majorité écrasante de participer à la présidentielle et présenter Abderrezak Makri comme candidat du parti. Quatre membres seulement ont voté contre Makri et huit autres se sont abstenus, d'après le président du madjliss echoura. «On n'a jamais conditionné notre participation par des garanties sur la transparence et la crédibilité du processus électoral», a déclaré hier au Village des artistes à Zéralda(Alger), le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), lors de sa conférence de presse tenue à l'issue des travaux de son conseil consultatif. «Par notre participation sans conditions, nous tentons de combattre et de lutter contre la fraude qui a gangrené invariablement tous les processus électoraux», a-t-il soutenu. «Il rêve de gagner l'élection sans recourir à la fraude. Nous participons pour les empêcher de réaliser ce rêve, en les obligeant à tricher et frauder pour pouvoir triompher», dixit Makri, dont le parti a pourtant boycotté l'élection présidentielle de 2014. «Nous nous sommes inspirés des différents partis du Monde arabe, de l'Amérique latine qui ont dû patienter très longtemps, avant de voir la fraude disparaître de leurs élections», a-t-il indiqué. Makri ne veut pas entendre parler «du cinquième mandat» pour le chef de l'Etat: «Cette question n'a aucun sens», a-t-il appuyé. Pour le candidat du MSP à la présidentielle du 18 avril prochain, le brouillard entourant les intentions du président sortant, est «un piège». «Même l'entourage du chef de l' Etat n'est pas en mesure de confirmer ou d'infirmer si le président briguera ou non un autre mandat», enchaîne-t-il. «Le but recherché à travers le flou entretenu sciemment est d'écarter le MSP y compris des partis de la majorité de la scène politique», a-t-il réitéré, sans plus de précision. Mais qui sont-ils ces mis en cause? D'après Makri «cette affirmation résulte de sa propre analyse». A ses yeux, il y a une différence entre 2014 et 2019: «Le quatrième mandat visait la continuité du système du pouvoir, mais en 2019, il s'agit de la fin de l'ère Bouteflika à laquelle certaines parties s'y préparent activement, en tentant d'évincer le MSP de l'arène.» «On ne permettra pas à ses forces de comploter contre nous. La convocation du corps électoral n'a pas dissipé le brouillard autour de la présidentielle car personne n'est capable de confirmer qu'il y aura un cinquième mandat ou que le système présentera son candidat du consensus», a-t-il encore insisté en réponse aux questions des journalistes. En tout cas, «le fait que le chef de l'Etat rempilera ou non pour un autre mandat n'a jamais été un élément pris en compte dans nos réflexions et analyses», a-t-il affirmé. A propos de ses contacts avec les responsables des centres de décision, dont le conseiller et frère cadet du président, il rétorquera que «ces rencontres honorent et crédibilisent son parti». A ce propos, il a fait avoir qu'«il avait pris langue avec plusieurs hauts responsables, dont certains ont exigé l'anonymat». Concernant le rôle de l'armée, il a indiqué que «cette institution se doit d'observer la neutralité lors de ce scrutin présidentiel». Se présentant comme islamiste et modéré, le MSP se considère comme «une formation appartenant au courant nationaliste».