Le pouvoir, les délégués dits «des citoyens libres», et les «déviationnistes» du mouvement citoyen viennent d'être rudement accrochés par la coordination communale d'Assi-Youcef, dans une déclaration parvenue à nos bureaux de Tizi Ouzou. La coordination communale d'Assi-Youcef, dans la daïra de Boghni, est montée au créneau. Elle a, après avoir marqué une certaine pause qu'elle a consacrée à la réflexion, notamment des perspectives du mouvement citoyen, fait part de son désaveu de certaines pratiques. Elle commence par revenir sur ce qu'elle appelle «le mépris souverain du pouvoir à l'égard de la dynamique citoyenne née des événements du printemps noir.» Ainsi, elle souligne le fait que «malgré les innombrables actions de mobilisation - marches, sit-in et grèves - le pouvoir, au lieu de répondre aux demandes démocratiques de la société, organise le chaos et le pourrissement...». A l'appui de cette accusation, la coordination d'Assi-Youcef cite «les manoeuvres sournoises de division, de répression et de diversion...». Elle fait, notamment référence à ce qu'elle qualifie «de simulacre de dialogue», en visant les délégués des «citoyens libres», traités tout simplement de «pseudodélégués» et de «délégués taiwan». Plus loin, la coordination d'Assi-Youcef, les qualifie encore d' «usurpateurs, corrompus». C'est dire l'«estime» qu'elle leur voue. Pour cette coordination, «ces délégués (dits des citoyens libres ndlr), sortis tout droit des laboratoires de manipulation, illustrent parfaitement la volonté du pouvoir d'étouffer la contestation et de pacifier la région pour pérenniser le système.» Par ailleurs, la coordination d'Assi-Youcef, qui ne ménage personne, cible carrément la Cadc en affirmant: «Des déviations inquiétantes commencent à se faire jour à l'intérieur du mouvement citoyen.» Entre autres, cette coordination pointe le doigt sur «l'absence de débats de fond et de stratégie claire, la pratique de l'exclusion, le non-respect des principes directeurs et la ghettoïsation de la lutte». Pour elle, ces démarches «poussent de facto la situation à l'impasse et au pourrissement, faisant, de fait, le jeu du pouvoir». S'affirmant «fidèle aux aspirations socio-démocratiques de la jeunesse insurgée et aux principes directeurs élaborés au conclave d'Assi-Youcef, les 12 et 13 juillet 2001», la coordination d'Assi-Youcef déclare «ne plus pouvoir, en aucun cas, servir de faire-valoir ou de caution à une telle situation». Sur ce, la coordination d'Assi-Youcef interpelle les délégués légitimes «à faire preuve du maximum de vigilance et de lucidité afin de déjouer les manoeuvres visant à dévier le mouvement de ses objectifs». Comme elle insiste pour que tous «imposent un véritable débat, large, franc et responsable à même d'explorer de nouvelles voies stratégiques pour l'aboutissement des revendications consignées dans la plate-forme d'El-Kseur». La coordination d'Assi-Youcef rejoint de fait les rangs de la grogne. Après les neuf coordinations communales qui ont fait paraître un brûlot contre les démarches de la Cadc, c'est autour d'Assi-Youcef de montrer les dents, tout en restant, comme Bouzeguène et les huit autres coordinations, «fidèle aux principes du mouvement citoyen». Le mouvement, ainsi interpellé, se doit de marquer une pause et de faire son bilan.