Le mouvement citoyen se trouve face à son destin. Des délégués se disant des ârchs seront reçus aujourd'hui par le Chef du gouvernement. D'autres délégués, issus, eux, du mouvement citoyen entament d'autres actions. Pendant ce temps, la rue observe... l'évolution de la situation. Alors que tout le monde espérait une issue heureuse à la colère citoyenne, les événements qui se précipitent ces derniers jours, en Kabylie, augurent d'une probable accélération pouvant mener vers le retour de la violence. Ainsi, les délégués de la Cadc de la wilaya de Tizi Ouzou, une coordination actuellement en butte à divers problèmes internes, notamment avec l'apparition de la tendance dite «modérée», une tendance drivée par les coordinations de Bouzeguène, d'Illilten, de Yattafen et de Larbaâ Nath-Irathen, sont le moteur. La Cadc a ainsi décidé d'initier des sit-in de protestation devant les brigades de gendarmerie, aujourd'hui à partir de 9h, et ce, pour souligner que «c'est ce corps de sécurité qui est à la base des tourments que connaît la région...». C'est aussi voulu comme une réponse à la rencontre: Benflis-délégués se disant des ârchs. Par ailleurs, le groupe des modérés drivé par notamment Bouzeguène, tout en reconnaissant que «le dialogue est aussi une forme de combat», s'élève énergiquement contre ceux qu'il qualifie «de délégués faussaires». Toutefois, cette frange du mouvement «reconnaît à chaque citoyen la liberté de rencontrer n'importe quel responsable. La seule précaution est de se présenter en qualitées...» Plus loin, ces délégués diront: «Si ces pseudo-délégués arrivent à arracher l'acceptation de la plate-forme d'El-Kseur, c'est tant mieux, nous serons les premiers à applaudir.» Cependant, pour eux, «il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Ce qui semble se dessiner ce sont plutôt des fausses solutions à de véritables problèmes...» Des solutions, à les suivre, qui tôt ou tard, «montreront leurs limites et la question reviendrait alors, encore plus sanglante sur le tapis...». Cette aile, qui selon l'un des délégués vient d'être rejointe par les coordinations communales d'Iferhounène et d'Assi-Youcef, rejette «les résolutions du conclave de Tizi Ouzou et considère les sit-in devant les brigades comme des provocations visant au retour des émeutes...» Elle propose ainsi un conclave extraordinaire pour un véritable débat de fond. La troisième «tendance», comprenant les 14 coordinations communales: de Ouadhias, des daïras de Boghni et de Tizi Ghennif, ainsi que les coordinations communales d'Aïn Zaouia et de Sidi-Ali Bounab, représentées par le délégué de Sidi-Ali Bounab, M.Hammami Yacine, explique, pour sa part: «L'action initiée par la Cadc aujourd'hui, ne représente, à nos yeux, qu'une provocation inutile. Quant à nous, nous allons animer un sit-in devant le Palais du gouvernement, aujourd'hui, pour dire au pouvoir que ces faux délégués qu'il reçoit ne représentent rien et que la solution réside dans l'acceptation de la plate-forme d'El-Kseur...». Sans se réclamer d'un mouvement scissionniste, le représentant de Sidi-Ali Bounab fait part d'un certain malaise au sein du mouvement citoyen. Il reste que ballottée de-ci, de-là, sans réellement voir poindre, ne serait-ce que le début d'une solution à la crise qui perdure, la population a tendance à exprimer un ras-le-bol. Pour elle, vivement que tout rentre dans l'ordre et qu'enfin, on se mette à réfléchir au développement. En outre, ils rendent responsables de pareil pourrissement «ceux qui ont fui le dialogue alors que le courage et la responsabilité, c'est justement de faire face aux problèmes». En attendant, Tizi Ouzou croise les doigts et souhaite que les émeutes appartiennent au passé.