Il ne tire pas dans le tas, mais identifie sa cible. Ce sont «certains parmi ceux qui ont vendu leur conscience, qui n'en ont cure de l'intérêt supérieur du pays et qui vont même jusqu'à tramer des complots contre la patrie». Dans son dernier numéro du mois de mai, la revue El Djeich, l'organe officiel de l'armée, a haussé le ton. Tout est dit dans son éditorial qui n'était pas un simple écrit qui nous livre la position de l'état-major de l'armée, face aux événements de l'actualité nationale. Bien plus que ça, l'éditorial au titre évocateur «Clairvoyance et sagesse pour faire avorter tous les complots», est à la fois un coup de sommation et une mise en garde. Il ne tire pas dans le tas, mais identifie sa cible. Ce sont «certains parmi ceux qui ont vendu leur conscience, qui n'en ont cure de l'intérêt supérieur du pays et qui vont même jusqu'à tramer des complots contre la patrie. Il s'agit donc de couper la route aux aventuristes qui concoctent des plans et projettent de les exécuter à tous les échelons, dans le but d'entraîner le pays vers l'anarchie et le chaos». Moins de 24 heures après la diffusion de la revue de l'armée contenant cet éditorial, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a été placée (dans l'après-midi d'avant-hier, Ndlr) en détention provisoire par le tribunal militaire de Blida dans une prison civile de cette wilaya. On ne peut s'empêcher de faire le lien entre ces deux événements, à savoir l'arrestation de la responsable du PT et la mise en garde d'El Djeich. De quoi accuse-t-on Mme Hanoune, par ailleurs justiciable comme tous les citoyens algériens? Pour l'heure, il y a encore des zones d'ombre que va certainement clarifier le procureur concernant ce dossier. Cela étant, El Djeïch note que la crise a des origines lointaines, qui, explique-t-il, seraient le résultat de complots successifs depuis quelques années, pour porter atteinte à la stabilité du pays. «Aujourd'hui, nul n'ignore que les exécutants de ce plan machiavélique, ceux qui leur ont confié cette tâche et ceux qui gravitent dans leur giron, ont attendu, durant les années passées, la moindre occasion pour le mettre à exécution en ayant recours à diverses voies et moyens». Aussi, l'armée n'a pas fait que tirer des coups de sommation, mais elle a également tracé une voie. Elle a rejeté, à travers sa revue, toute période de transition qu'elle juge anticonstitutionnelle et surtout de dangereuse pour le pays. Usant d'un lexique dur, l'éditorial d'El Djeich qualifie ceux qui revendiquent une période de transition «d'aventuriers qui veulent profiter de cette période pour faire passer leurs desseins». L'armée qui réaffirme son attachement à la voie constitutionnelle, se place en tant que garante de la volonté populaire. Argumentant ses propos, l'éditorialiste rappelle les déclarations faites par le chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah.Il revient ainsi sur les plus importantes phrases prononcées par Gaïd Salah soulignant qu'en cours de démantèlement des bombes à retardement dont le peuple algérien connaît pertinemment qui les a semées (...)».