Joyau d'une génération de cyclistes belges à qui l'on promettait la conquête du monde, Bjorg Lambrecht est mort lundi des suites d'un accident sur la troisième étape du Tour de Pologne entre Chorzów et Zabrze. Il avait 22 ans. Le coureur de l'équipe Lotto-Soudal aurait perdu le contrôle de son vélo sur une route détrempée par la pluie et aurait heurté un obstacle en béton au 48e kilomètre de l'étape. Ranimé sur place par les secours, il a été transporté à l'hôpital de Rybnik, dans le sud du pays, où il est décédé au terme d'une opération chirurgicale. L'annonce de sa disparition a créé la consternation dans un sport régulièrement éprouvé par des accidents fatals à l'entraînement, mais plus rarement en compétition. Les deux dernières victimes lors d'épreuves de premier plan étaient également des ressortissants belges, Antoine Demoitié en 2016, percuté par une moto de l'organisation alors qu'il venait de chuter sur Gand-Wevelgem et Wouter Weylandt en 2011, mort sur le coup en tombant dans une descente pendant le Tour d'Italie. D'autres coureurs ont récemment perdu la vie à l'occasion de malaises en plein effort, tel Michael Goolaerts, autre professionnel belge, sur le Paris-Roubaix 2018. Vice-Champion du monde chez les espoirs (19-22 ans) en 2018, meilleur jeune du Critérium du Dauphiné en juin, Bjorg Lambrecht était présenté comme la relève du cyclisme belge aux côtés de Wout Van Aert, 24 ans, vainqueur d'une étape sur le dernier Tour de France, et Remco Evenepoel, 19 ans, plus jeune lauréat d'une course de première division (WorldTour), la Clasica San Sebastian, qu'il épingle samedi. A son aise sur les classiques (4e de la Flèche wallonne, 5e de la Flèche brabançonne, 6e de l'Amstel Gold Race en avril dernier), ce petit gabarit (1m69 pour 56 kg) devait à terme viser le classement général sur le Tour de France. Sa révélation en haute montagne s'était déroulée dans la confusion en mai 2016, sur la Ronde de l'Isard, une épreuve pour les 19-22 ans où il avait réglé un sprint d'une trentaine de coureurs au sommet de Goulier-Neige, en Ariège, après 9,6 kilomètres d'ascension qui permettent normalement aux grimpeurs de se départager. «Je ne sais pas comment je peux grimper», avait-il déclaré alors que les favoris se plaignaient d'un vent de face qui les avait empêchés de s'exprimer. Mais, dès les étapes suivantes, le Flamand avait confirmé ses aptitudes dans les cols, défendant son maillot jaune et tous les classements annexes (points, montagne, meilleur jeune). En 2017, il s'était encore affirmé 2e de la Ronde de l'Isard et du Tour du Val d'Aoste, devancé par le Russe Pavel Sivakov, actuel professionnel au team Ineos, ainsi que 2e du Tour de Savoie Mont-Blanc et du prestigieux Tour de l'Avenir, à chaque fois battu par le futur vainqueur du Tour de France 2019, le Colombien Egan Bernal, dont il se montrait le seul digne adversaire. Alors que les hommages affluent dans le monde du cyclisme, les organisateurs du Tour de Pologne ont décidé, en accord avec l'équipe de Lambrecht, de neutraliser la 4e étape prévue ce mardi, les coureurs devant franchir groupés la ligne d'arrivée dans la ville de Kocierz.