Il sera le premier de la liste des cadres de la justice à être auditionné après l'incarcération de l'ex-garde des Sceaux, Tayeb Louh. L'ex-inspecteur général du ministère de la Justice, Tayeb Benhachem, comparaîtra prochainement devant l'enquêteur près la Cour suprême. Après une interdiction de sortie du territoire national (Istn) décidée à son encontre, fin juillet dernier, par le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed, Tayeb Benhachem a été entendu par l'Office central de répression de la corruption (Ocrc) avant que son dossier ne soit transmis à la Cour suprême. Dans celui-ci, les mêmes chefs d'inculpation que ceux de son ex-ministre de la Justice, ont été retenus contre lui. Il sera ainsi poursuivi pour abus de fonction, entrave au travail de la justice et falsification de documents officiels. Limogé en avril 2019, Tayeb Benhachem a occupé le poste d'inspecteur général du ministère de la Justice depuis 2013. Il semble que ce cadre était un proche de Tayeb Louh et qu'il a été impliqué dans toutes les «malversations» reprochées à l'ex-ministre. Pour rappel, Tayeb Louh a rejoint ses ex-collègues au gouvernement à la prison d'El Harrach le 22 août dernier après avoir été soupçonné d'entrave à la justice et d'incitation à la partialité. Autrement dit, il est accusé d'avoir trahi le serment de servir L'Etat de droit. Les poursuites décidées à l'encontre de Tayeb Benhachem font suite à la confrontation de ce dernier avec Tayeb Louh. L'ex-ministre, faut-il le rappeler, aurait nié en bloc toutes les accusations. Pour le mettre dos au mur, les juges instructeurs ont décidé de lancer les confrontations du prévenu avec ses anciens collaborateurs. La première a été avec son ex-inspecteur général. Tayeb Benhachem, selon certaines indiscrétions rapportées par les médias, aurait assuré que toutes les décisions «émanaient» de Tayeb Louh en personne. Autrement dit, les deux hommes se sont jeté la balle et ont finalement été, tous les deux poursuivis. Seul un procès équitable permettra de connaître le degré de responsabilité de chacun d'eux et de tous les autres cadres qui seront entendus dans le cadre de ce qui est désormais appelé «affaire Louh». Car, il faut s'attendre à ce que d'autres têtes tombent au sein du ministère de la Justice. Une promesse que s'est faite l'actuel garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati qui s'est, publiquement, engagé à balayer devant la porte de la justice. En procédant, il y a une dizaine de jours, à la nomination de Boudjemaâ Lotfi, en qualité de procureur général de la cour de Constantine, Zeghmati avait classé les magistrats en trois catégories : les intègres, les incompétents et les véreux. Il y a les «magistrats au comportement suspect et qui prononcent des jugements de piètre qualité. C'est un fléau qu'il faut combattre, sans complaisance, ni tolérance», avait tonné le nouveau ministre qui semble tenir parole. La purge a-t-elle donc commencé ?