Comme chaque année, la solidarité est une partie importante de traditions instaurées à l'occasion du mois de jeûne. Et cette habitude n'a pas été altérée par la crise sanitaire, bien au contraire, elle a eu l'effet inverse, comme l'expliquent les nombreux acteurs associatifs que nous avons rencontrés. Du nord au sud du pays, d'est en ouest. À titre individuel, ou collectif, cette année encore a été marquée par la solidarité et les opérations du genre. D'ailleurs, selon eux le Covid-19 a créé des besoins spécifiques parmi les populations des plus démunies, allant même jusqu'à «fragiliser» et/ou «détruire» leur équilibre économique. Mohamed, jeune bénévole, qui, chaque année, organise «les Iftar collectifs» à Constantine, explique que chaque soir, lui et d'autres bénévoles distribuaient l'équivalent de «700 repas». Et déclare «la crise sanitaire que nous traversons, avec le confinement mis en place ont engendré la pauvreté auprès de populations qui étaient déjà enclines à cela. Il s'agit, notamment des travailleurs en situation précaire, et du secteur de l'informel, ce n'est pas un constat que je fais à titre individuel, tous les collectifs de solidarité vous le diront, les besoins des familles ont augmenté». Même son de cloche chez Kader Farès Affak, le président de l'association «La main sur le coeur». Le Ramadhan 2020, a aussi été marqué par la solidarité. «Depuis le début du confinement, nous avons lancé l'opération solidarité populaire Covid- 19.L'action consiste à apporter de l'aide pour les familles dans le besoin, et le Ramadhan a été la période de lancement de cette action». Et au fur et mesure de la mise en place de ces opérations, nous avons constaté que cette année, beaucoup plus de familles se sont retrouvées dans le besoin, à cause du confinement. Beaucoup de travailleurs de l'informel ou des secteurs privés ont été touchés». Signalant que son association a accompagné durant cette période «440 familles, avec la distribution de 3750 colis alimentaires tous les 10 jours». Au-delà des personnes aux besoins spécifiques, l'association La main sur le coeur n'a pas mis de côté le reste de ses activités de solidarité, à savoir venir en aide aux sans abris, et aux familles de Subsahariens présents à Alger. «Notre mission, c'est la solidarité, qu'il y ait des besoins spécifiques ou pas, nous ne faisons pas dans la hiérarchisation des besoins, il y va de la dignité humaine» explique le président de cette association. Le confinement a causé la précarisation de plusieurs dizaines de familles, tous les bénévoles font ce constat, «c'est le revers de la médaille» expliquent-ils, et «il ne peut y avoir d'autres alternatives que la solidarité, pour faire face à cet effet secondaire du confinement», signale Nassima, bénévole dans plusieurs associations et collectifs d'aides. «Le confinement est le traitement de ce virus, et comme tout traitement, il a des effets secondaires, auxquels nous, citoyens, devons faire face, et fort heureusement, la solidarité des Algériens a encore été au rendez-vous» En effet, la récolte des dons et leur distribution sont sans doute l'opération la plus précieuse à laquelle a été confronté l'ensemble de ces bienfaiteurs. «On devait non seulement, faire de la sensibilisation, respecter toutes les mesures barrières et accomplir nos tâches», ajoute Nassima qui affirme que tous bénéficiaient des autorisations pour leurs déplacements dans le cadre de leurs activités de bénévolat.