Le chef de l'Etat réunira, aujourd'hui, le Premier ministre et les membres du gouvernement concernés par l'élaboration du Plan national de relance socio-économique. Un communiqué de la présidence de la République, qui rapporte cette rencontre, note que la séance de travail sera mise à profit pour débattre de «tous les aspects de la nouvelle approche socio-économique en prévision de sa présentation pour adoption lors du prochain Conseil des ministres». Le communiqué ne donne pas plus de détail de cette importante rencontre, mais l'on devine aisément que les ministres de l'Industrie, du Commerce, de l'Energie, des Mines, de la Transition énergétique, des Petites et moyennes entreprises et de l'Industrie pharmaceutique, prendront part à ce qui pourrait être qualifié de mini-Conseil des ministres. Sans préjuger de ce qui sera dit dans ce conclave gouvernemental, il y a lieu de souligner les dégâts déjà apparents que 10 mois de crise institutionnelle, suivie d'une autre d'ordre sanitaire, qui se poursuit toujours, ont infligé à l'économie du pays. L'Exécutif Tebboune a hérité, à son avènement, d'une économie en léthargie, en raison de l'instabilité politique, aggravée par de grands scandales de corruption. Durant la campagne électorale et lors des premières sorties médiatiques en tant que président, le chef de l'Etat avait quelque peu étonné son monde par ses annonces de défiscalisation des petits salaires et la hausse du Snmg. L'homme tenait beaucoup à ses promesses électorales et donnait la nette impression de savoir où il allait. Au plan de la relance de l'industrie, de l'agriculture, des énergies renouvelables et d'autres secteurs, Tebboune avait sa propre feuille de route et a constitué une équipe gouvernementale pour la réaliser. Au moment où les différents départements ministériels se mettaient en ordre de bataille et qu'ils travaillaient à la confection de la loi de finances complémentaire pour engager leurs réformes, la pandémie éclate et remet tout en cause. Les Algériens s'attendaient à un budget très serré et des mesures impopulaires. Et pour cause, les prix du pétrole flirtaient avec les 20 dollars et on ne voyait pas comment le gouvernement pouvait joindre les deux bouts. La LFC 2020 aura été la surprise de l'année. Tebboune tient ses promesses de défiscalisation des petits salaires et de l'augmentation du Snmg. Il fait payer le poids de la crise «économico-sanitaire» à l'administration. Les fonctionnaires de l'Etat sont mis au régime sec, avec un budget de fonctionnement réduit de moitié. Des mesures réglementaires sont retenues dans la LFC 2020, dont l'objectif est de secouer la sphère économique. Moins de bureaucratie pourrait être le maître-mot de cette loi. Mais la question se posait avec acuité: comment lancer toute l'armada des réformes en situation de confinement? Il n'y a pas eu de réponse et l'Exécutif s'était vu «happé» par la gestion de la pandémie. Tous les départements ministériels, sans exception, ont dédié toutes leurs énergies à la lutte contre le coronavirus. L'industrie, le commerce, la PME, l'industrie pharmaceutique...bref, tout le monde était dans les tranchées. Il n'était pas possible de faire autrement et le résultat de la grande mobilisation aura été positif, à voir la situation épidémique encore sous contrôle et le fonctionnement très acceptable des structures de santé et le reste des administrations de l'Etat. Avec la moitié de son personnel en congé forcé, l'Etat, avec l'aide de la société civile, s'en est bien tiré. Mais cette mise en situation de combat n'a pas réglé les questions économiques. À l'inertie de pans entiers de l'industrie nationale, impactés par l'instabilité institutionnelle, est venu se greffer l'arrêt brutal de toute activité de service, imposé par la crise sanitaire, comme partout ailleurs dans le monde. Une autre armée de chômeurs et un autre motif d'inquiétude social s'ajoutent à la longue liste des préoccupations de l'Exécutif. C'est dans cette atmosphère de paralysie quasi totale du secteur des services, un fonctionnement au ralenti de l'industrie et un frein, dont personne au monde ne peut jauger de la lourdeur, à savoir le Covid-19, que l'équipe qui entourera, aujourd'hui, le président Tebboune, élaborera un plan de relance économique. C'est inédit dans les annales du gouvernement algérien. Mais une seule voie est permise, celle d'engager le processus...