Le débat autour du sacrifice de l'Aïd El Adha semble être entouré d'une prudence qui frise l'invraisemblable. La pandémie de covid-19 bat son plein avec les chiffres «mirifiques» qui s'affichent chaque jour avec l'annonce de la Commission scientifique de suivi et de gestion de la pandémie de coronavirus. Cette évolution galopante coïncide avec l'approche du jour du sacrifice, un rituel religieux islamique qui se fait chaque année. Cette occasion «festive» faite d'offrande pourrait favoriser une propagation du coronavirus dans la mesure où ce rituel attire des rassemblements et des regroupements. La commission de la fetwa du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs a traité de ce volet crucial et délicat via un communiqué somme toute ombrageux et qui ne sied pas à une démarche claire et catégorique quant à ce jour du sacrifice à l'ère de coronavirus et le danger de sa propagation davantage. La commission de la fetwa a souligné en la matière que «les citoyens sont appelés au strict respect des consignes de prévention et des règles d'hygiène à l'occasion de la fête de l'Aïd El-Adha, afin d'éviter la propagation du Covid-19. Rappelant la règle religieuse permettant le sacrifice collectif (bovin ou camelin) ainsi que la possibilité pour le croyant de dédier le sacrifice à des proches, en l'occurrence parents, enfants, frères et soeurs etc.» et d'ajouter «afin d'éviter les regroupements et les rassemblements favorisant la propagation du virus», précise le communiqué de la commission de la fetwa du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. La commission de la fetwa n'arrivait pas à trancher d'une manière qui reflète la dangerosité de la pandémie et de sa propagation galopante. Le communiqué est très sibyllin, voire opaque même, il essaye juste d'avoir une solution «médiane» dans un contexte de crise sanitaire majeure des plus ravageuses qui guette la planète en général et l'Algérie en particulier. Dans ce sens, la commission de la fetwa en rajoute à l'«amalgame» un autre plus ombrageux et énigmatique encore en précisant que «De même qu'il est permis, pour celui qui peut sacrifier, de confier l'achat et le sacrifice à un abattoir agréé ou à des professionnels tels que les bouchers, c'est d'ailleurs plus judicieux pour la sécurité et la prévention contre la propagation de cette épidémie», et d'ajouter «l'impératif du strict respect des consignes de sécurité et des règles d'hygiène en évitant d'effectuer le sacrifice au niveau des espaces et rues que les pouvoirs publics s'emploient à désinfecter», a mentionné la commission de la fetwa. Un nombre important de nos compatriotes s'attendaient à une démarche et une mesure plus fermes quant à la gestion des deux jours du sacrifice. La pandémie connaît une hausse crescendo depuis un mois, c'est-à-dire depuis que les citoyens ont bravé l' «interdit» durant le mois dur Ramadhan et les deux jours de l'Aïd El Fitr, des occasions qui incitent aux regroupements en masse et au rassemblements alors que la pandémie prolifère dans ces espaces et milieux où le contact et les attroupements font rage. Les jours du sacrifice vont connaître plus d'affluence et de regroupement, cela va exacerber la situation pandémique, l'enjeu est de taille, la solution et les mesures qui s'imposent doivent être politiques pour couper court avec les atermoiements et les tergiversations de nature à prendre des positions relevant du juste «milieu» comme une sorte d'échappatoire dans la perspective de se déresponsabiliser de la situation d'une manière subtile et intelligente. Les pouvoirs publics en coordination avec la Commission scientifique doivent agir pour mettre en place une solution conforme à l'ampleur de la pandémie dans le but de parer aux risques et menaces de la propagation exponentielle de coronavirus. La décision doit revenir aux structures chargées de la gestion de la pandémie, ils sont en phase et en osmose avec l'évolution du Covid-19 sur la base des enquêtes épidémiologiques du terrain. Le danger reste omniprésent si une décision ne viendrait pas pour combler les lacunes et les brèches qui caractérisent certains aspects de la gestion de la pandémie. La démarche doit être dissuasive, c'est ce qui se fait dans les pays où la loi et la rigueur sont légion. C'est la dissuasion et la fermeté qui feront l'affaire pour stopper la déferlante de coronavirus qui embrasse davantage de citoyens.