Longtemps ajournées, les négociations de paix en Afghanistan entre le gouvernement et les talibans paraissent sur le point de pouvoir commencer, dès la semaine prochaine s'est même avancé mardi le président Ashraf Ghani, qui a donné son aval à une courte trêve décrétée par les insurgés. Les Etats-Unis, qui espèrent une telle percée depuis qu'ils ont signé leur accord historique avec les talibans fin février après plus de 18 années de guerre, ont «salué les annonces d'un cessez-le-feu» et appelé à lancer «rapidement» les négociations interafghanes. Ce cessez-le-feu devrait entrer en vigueur dès vendredi, le jour du début de l'Aïd el Adha, la fête du Sacrifice traditionnellement marquée par des réunions familiales. Zalmay Khalilzad, envoyé spécial des Etats-Unis en Afghanistan, s'est réjoui de cette avancée. «Nous espérons que l'Aïd el Adha unira tous les Afghans dans lacompréhension et le respect mutuel, et constituera un pas de plus vers une paix durable», a-t-il déclaré sur Twitter hier. L'annonce de cette deuxième suspension des combats de la part des rebelles en un peu plus de deux mois est intervenue après que le président afghan a déclaré, le même jour, espérer l'ouverture de pourparlers de paix «directs» avec eux «dans une semaine». Les talibans avaient quant à eux dès la semaine dernière fait savoir qu'il étaient prêts à entamer des discussions avec le gouvernement de Kaboul dès la fin de l'Aïd. Ces négociations interafghanes devaient initialement se dérouler à partir du 10 mars, mais cette date a été dépassée en raison notamment d'une stagnation du processus d'échange des prisonniers, dont l'achèvement est exigé en tant que préalable par les rebelles. L'accord du 29 février entre les Etats-Unis et les talibans prévoit en effet la libération par le gouvernement afghan de 5.000 insurgés et celle par ces derniers de 1.000 membres des forces de sécurité. Entre-temps, les affrontements se sont poursuivis, les rebelles ayant quasi quotidiennement attaqué des soldats ou des policiers. Résultat, 3.500 militaires et 775 civils tués en cinq mois, d'après les autorités. «Tous les moudjahidine (...) ont pour ordre de ne pas mener d'opérations contre l'ennemi pendant les trois jours et nuits de l'Aïd el Adha», a annoncé mardi dans un communiqué le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid. Mais toute éventuelle attaque de «l'ennemi» donnera lieu au recours à la force en réponse, a-t-il mis en garde. Le gouvernement afghan a peu de temps après «ordonné à toutes les forces de sécurité et de défense de respecter le cessez-le-feu», selon Sediq Sediqqi, le porte-parole du président Ghani. Toutefois, a-t-il ajouté, celles-ci devront «répliquer si les talibans attaquent nos forces ou notre peuple». «La République islamique achèvera bientôt la libération de 5.000 prisonniers talibans», avait auparavant affirmé le chef de l'Etat dans une allocution au palais présidentiel. Il avait dit espérer avec ce geste «l'ouverture de négociations directes avec les talibans dans une semaine». Ashraf Ghani a en outre exhorté les insurgés à accepter «un cessez-le-feu permanent et complet» pendant la durée des pourparlers destinés à tenter d'en finir avec presque 19 ans de guerre en Afghanistan. Les rebelles avaient déjà décrété un cessez-le-feu de trois jours en mai à la fin du mois sacré du ramadan. Les troupes gouvernementales avaient également observé cette trêve, mais celle-ci avait vite été rompue, avec la reprise d'attaques sanglantes par les talibans. Un premier cessez-le-feu, le seul autre depuis que le conflit a éclaté en 2001, avait été décrété en juin 2018 et avait lui aussi été de courte durée.