Dans un communiqué en date du 13 novembre dernier, le ministère des Affaires étrangères a marqué la position de l'Algérie sur l'agression militaire marocaine dans la zone tampon d'El Guerguerat, telle qu'elle ressort de l'accord militaire n°1 de 1991 entre le Front Polisario et le Maroc. L'Algérie, peut-on lire dans ce communiqué, privilégie la voie de la raison et appelle les deux parties au conflit à tout faire pour éviter la poursuite des affrontements armés, déclenchés par l'intervention des forces royales marocaines contre des civils sahraouis manifestant pour le respect strict des dispositions de l'accord. Rabat n'a pas cessé, depuis des années, d'utiliser le passage vers la Mauritanie pour exporter illégalement des richesses appartenant au peuple sahraoui et cela au mépris des résolutions de l'ONU. Soucieuse de préserver un climat de nature à favoriser la reprise du dialogue sous l'égide de la Minurso, comme le recommandent nombre de capitales à travers le monde, l'Algérie n'a pas manqué, pour autant, de «déplorer vivement les graves violations du cessez-le-feu» et, plus particulièrement celles intervenues le 13 novembre dernier, lorsque l'armée marocaine a attaqué près de la frontière mauritanienne des manifestants pacifiques sahraouis qui réclamaient la fermeture de la brèche dans le mur de sable érigé par le royaume de Mohamed VI. Le MAE a ainsi indiqué que l'Algérie «appelle à la cessation immédiate de ces opérations militaires», non sans avertir que «les conséquences sont de nature à affecter la stabilité de toute la région». En prônant le discours de l'apaisement, la diplomatie algérienne reste fidèle à sa doctrine qui veut que les différends soient réglés par le dialogue et que la solution politique transcende la solution militaire, conformément au droit international. Or, la légalité même de la question sahraouie est reconnue pleinement par les Nations unies dont la quatrième commission a inscrit, depuis de très nombreuses années, la question sahraouie au titre d'un ultime territoire africain en attente de décolonisation. Un fait que le Maroc s'échine à vouloir ignorer et pour lequel il multiplie, des décennies durant, les tentatives vaines d'une désinformation et d'un déni du droit que reconnaissent tant les Nations unies que l'Union africaine au peuple sahraoui, à savoir le droit au référendum d'autodétermination. La situation actuelle a de quoi inquiéter l'ensemble des pays de la région, déjà confrontés aux conséquences dramatiques de la pandémie du nouveau coronavirus ainsi qu'à la menace persistante de l'insécurité dont profitent les nombreux groupes terroristes qui prolifèrent. Une nouvelle militarisation du conflit entre le Maroc et le Front Polisario, porte-étendard de la revendication du peuple sahraoui, aura nécessairement des conséquences sur les autres pays et il n'est pas vain de rappeler, du coup, que l'aggravation du conflit ne sert ni l'un ni l'autre des protagonistes, dans la mesure où elle signifie également une déstabilisation de la région. Une telle situation montre à quel point l'inertie de l'ONU qui tergiverse depuis deux ans, au moins, pour désigner un nouvel envoyé spécial chargé de reprendre le dossier sahraoui là où l'avait laissé l'ancien président allemand Horst Kohler et de faire jouer à la Minurso son rôle effectif, aura miné le dossier. Voilà pourquoi l'Algérie demande au «secrétaire général de l'ONU et à la Minurso, l'accomplissement scrupuleux de leurs missions, sans restrictions ni entraves». Les récents évènements montrent à quel point il importe que cette action se fasse dans une totale «impartialité», condition objective d'une relance efficace du dialogue entre Sahraouis et Marocains.