Le ministre des Transports, Lazhar Hani vient de l'apprendre à ses dépens. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a mis fin à ses fonctions, a indiqué, hier, un communiqué des services du Premier ministre. «Sur instruction de Monsieur le président de la République, il a été mis fin aux fonctions de Monsieur Lazhar Hani en sa qualité de ministre des Transports», stipule le document qui justifie ce limogeage. «Cette décision a été prise à la suite de l'engagement d'une opération d'importation par la compagnie nationale Air Algérie de fournitures liées à l'activité de catering et ce, sans tenir compte du contexte économique national et des orientations financières visant la gestion rationnelle des devises et la priorité à accorder à la production nationale», précise la même source. Un acte qui a entraîné l'évincement du P-DG d'Air Algérie et du responsable du catering au sein de la compagnie. Farouk Chiali, ministre des Travaux publics a été chargé de l'intérim du ministère des Transports, selon la même source. Cette décision qui intervient quelques jours après l'installation de Mohamed Baghali, au poste de nouveau directeur général de la Radio algérienne, exprime la volonté du chef de l'Etat à faire tomber les peaux mortes et à tous les niveaux de responsabilité. Son appréciation du bilan de l'Exécutif qu'il a qualifié de «mitigé» lors du dernier Conseil des ministres, annonce déjà un profond remaniement gouvernemental. La réduction de la facture des importations est un des chevaux de bataille du gouvernement. Elle porte l'empreinte du chef de l'Etat. Une opération d'envergure, historique, est menée dans un contexte financier difficile dictée par une crise sanitaire qui a pour particularité de plomber l'économie nationale, pour préserver les réserves de change qui étaient au-dessus des 193 milliards de dollars à la fin de l'année 2013 et qui doivent tourner autour des 44 milliards de dollars actuellement. Elle consiste à récupérer l'argent disponible dans le marché informel et intégrer ce dernier dans le circuit officiel, de récupérer également dans les réserves d'or du pays, les fonds gelés depuis des décennies au niveau des douanes et des saisies au niveau des ports et des aéroports, pour les intégrer aux réserves nationales, avait indiqué le communiqué de la présidence de la République, qui avait sanctionné le Conseil des ministres du 12 juillet 2020. Une démarche dans laquelle doit s'inscrire l'Exécutif. Les ministres devaient non seulement donner l'exemple, mais surtout ne pas y être pris en défaut. La situation financière du pays étant doublement fragilisée par la chute des prix du pétrole qui a pour effet de le priver de revenus pétroliers plus conséquents (35 milliards de dollars en 2019 contre quelque 24 milliards de dollars en 2020) et par la pandémie de Covid-19. Une conjoncture qui a conduit l'Etat et la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, à réduire leurs budgets respectifs de 50% et de réduire des importations tous azimuts dont la facture historiquement élevée oscillera autour des 60 milliards de dollars en 2014 pour passer à 56 milliards de dollars en 2015, 46,7 milliards de dollars en 2016, 41,93 milliards de dollars en 2019 et probablement autour des 30 milliards de dollars en 2020. Une saignée. Le président de la République a décidé d'y mettre le holà, a donné des instructions pour la réduire. Les niches existent. Le cas du fret par bateau est édifiant à ce propos. L'Algérie débourse 4 milliards de dollars par an pour assurer le transport de ses marchandises par voie maritime. Quatre milliards de dollars qui profitent aux armateurs étrangers, soit 97% des parts de marché détenues par des compagnies ne battant pas pavillon national. Une perte sèche à l'heure où le baril de pétrole, qui assure plus de 97% des recettes en devises du pays, se situe tout juste au-dessus des 55 dollars. Un sou d'épargné est un sou de gagné dans une telle conjoncture. L'appel du président de la République à la rationalisation des dépenses publiques signe la fin d'une ère: celle d'une gestion financière où l'on dépensait sans compter. Où l'on importait de tout et de rien, lorsque l'argent coulait à flots. Abdelmadjid Tebboune avait instruit ses ministres de: «Soumettre, à l'avenir, tout engagement financier dans l'importation et toute transaction en devises, à l'approbation préalable du Conseil du gouvernement, en vue de protéger le produit national, encourager sa consommation au niveau local et préserver les réserves de change», lors d'un Conseil des ministres tenu le 20 septembre dernier, sous sa présidence. Une ligne rouge franchie par le ministre des Transports. Il en a fait les frais. Le membres du gouvernement sont désormais édifiés. Tout écart se paiera cash.