Un forum pour la cohésion sociale et la réaffirmation de la présence de l'Etat s'est tenu samedi à Ouallam, dans l'ouest du Niger, avec des leaders communautaires, religieux et politiques, une semaine après le pire massacre de civils par des terroristes qu'ait connu ce pays. Ce forum a pour but de «raffermir davantage la cohésion le long de cette frontière» entre Mali et Niger, où s'est déroulée il y a une semaine l'attaque de deux villages dans laquelle 105 civils ont été tués, a déclaré le ministre nigérien de l'Intérieur Alkache Alhada en ouvrant la rencontre. Autre objectif, réaffirmer la présence et le soutien de l'Etat central dans cette zone rurale, qui «ne vous abandonnera pas et sera toujours à vos côtés», a affirmé selon M. Alkache. Le 2 janvier, une centaine de motos ont fondu sur deux villages de la commune de Tondi Kiwindi, Tchouma Bangou et Zaroumadareye, et tué plus d'une centaine de civils en quelques heures. C'est l'attaque la plus meurtrière commise par des terroristes contre des civils au Sahel, selon ACLED, ONG qui répertorie les attaques dans la région. Un deuil national de trois jours a été décrété, ainsi qu'un renforcement sécuritaire et l'organisation de forum dont le premier s'est tenu samedi à Ouallam. «Nous sommes venus vous rendre hommage (...) et examiner avec vous la situation qui prévaut dans cette zone (...) de coexistence inter-communautaire (...) entre nomades et agriculteurs, entre sédentaires et pasteurs, entre djermas, peulhs, tamashek et arabes», les ethnies de la région, a dit M. Alkache. Les groupes terroristes embrigadent à tour de bras depuis plusieurs années dans le Sahel en profitant des tensions communautaires existantes, particulièrement dans cette zone frontalière où les relations entre éleveurs nomades et agriculteurs sédentaires sont tendues notamment sur la question foncière. Quelques jours avant le massacre de samedi, plusieurs peuls accusés d'être terroristes avaient été tués par les populations des villages à majorité djerma ensuite ciblés. Les attaques dans la région «ont désorganisé de manière durable les rapports sociaux dans les communautés affectées», a concédé samedi le général Mahamadou Abou Tarka, président de la Haute autorité pour la consolidation de la paix. Il a estimé que pour protéger les populations, «le premier des défis» est de «trouver des solutions originales car on ne peut pas mettre un militaire dans chaque village». Le Niger a privilégié depuis plusieurs mois les patrouilles mobiles de ses militaires dans la zone, alors que beaucoup de soldats au Mali et au Burkina Faso sortent difficilement de leurs bases. L'armée a aussi procédé ces dernières semaines «au recrutement spécial de jeunes de toutes les communautés sur la base de leur parfaite connaissance du terrain et de leur ferme volonté et engagement à servir la patrie», a ajouté le ministre Alkache. Il faut «instaurer un climat de confiance entre les différentes communautés et les différentes composantes de la population», a martelé Tidjani Ibrahim Katiella, gouverneur de la région de Tillabéri située à la frontière avec le Mali et le Burkina Faso dans la zone dite des «trois frontières» entre les trois pays. C'est là et dans le centre du Mali, que les attaques terroristes sont les plus nombreuses et les plus meurtrières au Sahel.