L'appel à la grève générale initiée par le Sete a été diversement suivi dans la wilaya de Tizi Ouzou, en attendant l'appel du Satef. Mais au-delà des syndicats, il y a cette menace d'aller vers une extension de la grogne. Le tableau noir, encore mal effacé, porte comme une trace indélébile, une phrase tracée avec rage: «Nous voulons nos salaires.» Dans les cours veuves d'enfants, des enseignants esseulés et effarés regardent l'horizon, un horizon, pour l'heure, barbouillé de noir. A travers la wilaya de Tizi Ouzou, au-delà de l'appel lancé par le Sete, la grève a été diversement suivie. Ainsi, Azazga, Aït-Toudert, Beni-Douala, Draâ Ben-Khedda, entre autres, ont massivement suivi les autres régions ayant peu ou prou répondu à l'appel. Tizi ouzou-Ville a préféré pour certains établissements assurer l'enseignement la matinée et fermer les portes l'après-midi. Durement touchés par la dernière décision de centralisation des traitements, les enseignants ont décidé de protester à leur manière, en exigeant, notamment l'annulation pure et simple du décret ministériel, instituant la nouvelle méthode de «gestion des salaires». Deux syndicats sont ainsi montés au créneau. Le Sete affilié à l'UGTA et le Satef ont tous deux réagi, en appelant à la grève générale. Le Sete à partir du 16 janvier (hier ndlr) et le Satef à partir du 21 janvier. Deux appels à objectif pratiquement commun, mais différemment fermes. Chacun des deux syndicats n'arrivant apparemment pas à faire «route commune». Mieux encore, les deux organisations des travailleurs se «regardent» en chiens de faïence. Devant cet appel du Sete, les réponses des travailleurs sont diverses. Il y a évidemment, ceux qui sont de son bord et qui donc suivent le mouvement, convaincus que «c'est le seul syndicat, en mesure d'arracher quelque chose...», les affiliés au Satef, en revanche, qualifient de tous les noms d'oiseaux, le Sete, qu'ils pensent «être un syndicat du pouvoir et donc pas en mesure de défendre efficacement les travailleurs...». Pour eux, «le Sete, c'est l'Ugta et l'Ugta c'est le pouvoir!». Ceux qui ne sont ni dans un syndicat ni dans un autre «ne semblent être intéressés que par l'action autour du paiement rapide des salaires». L'un d'entre eux, rencontré à Tizi Ouzou, s'étend longuement sur le sujet. «Une grève générale pour réclamer le paiement des salaires, c'est bien: mais en sus, il nous faut aussi réclamer, outre une augmentation conséquente, un statut social. Actuellement, nous sommes les derniers de la Fonction publique...». En fait, cette action initiée par les deux syndicats est l'ouverture de la boîte de Pandore. Toutes les revendications longtemps contenues vont certainement déferler dans un champ social, passablement miné. Plus nombreux que les autres corps de la Fonction publique, les enseignants sont en mesure de peser «lourdement» sur l'évolution du champ social. Cependant, d'ores et déjà, on peut se poser la question: à qui profite, réellement, cette décision de centralisation des traitements, maintenue contre vents et marées, en cette période pour le moins difficile? Le secteur, actuellement en attente d'une mutation importante, est la cible de toutes les tentations, aussi bien partisanes que syndicales. Il y a péril en la demeure! Il est temps de prendre le temps de réfléchir à tous ces problèmes qui empêchent, justement, une saine approche des véritables difficultés.