Le baril semble décidé à mettre fin à sa série noire. Cela fait, en effet, belle lurette qu'il n'avait pas démarré la semaine sur pareil rythme. Le début de la matinée ne s'annonçait pourtant pas sous de tels auspices. Au creux de la vague à 9h45, le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien qui se négociait à 62, 50 dollars, soit 45 cents de moins que sa séance de clôture de la semaine dernière qui s'est achevée le 9 avril, a fait un bond de 1 dollar à 14h30 qui l'a propulsé à 63,95 dollars. À New York, le baril américain de WTI pour le mois de mai gagnait, de son côté, 1, 37 dollar pour s'échanger à 60,69 dollars. Les prix du pétrole s'affichaient en forte hausse, malgré une conjoncture qui demeure encore incertaine. Le baril semble desserrer l'étau et donne des signes qui indiquent qu'il a digéré la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses alliés qui avaient annoncé qu'ils allaient ouvrir, progressivement et prudemment, leurs vannes, le mois prochain. L'Opep et ses partenaires, dont la Russie, avaient décidé de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour, le 9 avril 2020, pour stopper le plongeon des prix et procéder à une coupe de 7,7 millions b/j à partir du 1er août jusqu'à fin décembre 2020, ils mettront 350 000 barils par jour supplémentaires sur le marché, en mai et juin, puis 441 000 barils en juillet. Cette option, qui a été prise le 1er avril a fait perdre pied aux cours de l'or noir, qui ont subi des pertes significatives. Le 5 avril, le baril de Brent cédait 2,71 dollars, le pétrole américain lâchait 2,89 dollars alors qu'ils étaient sous la pression des discussions indirectes qui ont débuté, le 7 avril, à Vienne, en Autriche entre Téhéran et Washington, à propos du nucléaire iranien, qui pourraient déboucher sur la levée de l'embargo américain sur le pétrole iranien. Les marchés pétroliers «continuent de surveiller l'évolution des négociations entre les Etats-Unis et l'Iran à Vienne», a souligné Jeffrey Halley, de Oanda pour tenter de sauver l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 et pour lever les sanctions américaines sur la République islamique. «Bien que les chances de résultats soient faibles, le moindre petit signe d'entente est susceptible de faire baisser le prix du pétrole à court terme», a repris Jeffrey Halley. La production actuelle iranienne, qui est de 2,1 millions de barils par jour, bondirait à 3,8 millions de barils chaque jour, dans le cas où l'embargo qui frappait Téhéran est levé. 1,7 million de barils que le marché pétrolier aura du mal à absorber, sans conséquences négatives sur les cours. Une épée de Damoclès à laquelle s'est greffée la pandémie de Covid-19 qui plombe des pays gros consommateurs, rouages incontestables de la relance. «L'aggravation de la pandémie dans certaines parties du monde affaiblit les cours du brut», indique l'analyste de PVM Stephen Brennock, qui cite l'Inde. Un pays «crucial pour la reprise de la demande» de brut, soulignera-t-il. Plus de 126 000 nouvelles infections y ont été détectées, le 8 avril, soit plus de 10 fois plus que les chiffres du mois de février et environ 1,8 million de nouveaux cas qui ont été enregistrés depuis le 1er mars, signale-t-on. En 2019, l'Inde était le troisième plus grand consommateur de pétrole et de produits pétroliers, après les Etats-Unis et la Chine. L'Inde n'a presque pas de ressources pétrolières nationales, de sorte que toute sa demande doit être satisfaite par du pétrole importé, écrit Ellen R. Wald, spécialiste dans le domaine de l'industrie énergétique mondiale et de l'intervention occidentale au Moyen-Orient, sur le site du portail mondial financier, Investing.com. Autant d'écueils que le baril a ignorés, hier. Jusqu'à quand?