Le ministère iranien des Affaires étrangères a confirmé pour la première fois, hier, la tenue de pourparlers avec son grand rival saoudien, mais a affirmé qu'il était encore «trop tôt» pour en évoquer les résultats. Organisées début avril, les discussions, facilités par le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi, étaient restées secrètes jusqu'à ce que le journal Financial Times rapporte la tenue d'une première rencontre à Baghdad. «L'objet de ces discussions concernaient à la fois (des sujets) d'ordre bilatéral et d'ordre régional», a affirmé aux journalistes le porte-parole de la diplomatie iranienne, Saïd Khatibzadeh. La reprise du dialogue, déjà confirmée par des sources officielles irakiennes, marque le premier effort significatif pour désamorcer les tensions qui perdurent depuis plus de 5 ans entre les deux puissances rivales de la région. «Mais attendons d'en voir les résultats (...) Il se peut qu'il soit trop tôt pour discuter des détails des négociations», a tempéré M. Khatibzadeh, soulignant que l'Iran avait «toujours été en faveur de ce genre de pourparlers». «La désescalade et l'établissement de relations» entre ces deux pays riverains du Golfe «est bénéfique pour les deux nations», a-t-il dit. L'Iran s'était déjà félicité fin avril du «changement de ton» de l'Arabie saoudite après des déclarations jugées conciliantes du prince héritier saoudien qui avait dit souhaiter «des relations bonnes et spéciales» avec la République islamique. Les pourparlers qui impliquent des diplomates, des responsables politiques mais aussi des militaires de haut rang sont cependant qualifiés de «fructueux», par les dirigeants des deux pays qui veulent avancer avec prudence, compte tenu des tentatives ratées précédemment. Téhéran et Riyadh avaient rompu en 2016 leurs relations diplomatiques, creusant une ligne de fracture dans la région. Ils sont empêtrés dans des conflits régionaux, soutenant des camps opposés notamment en Syrie et au Yémen.