Depuis une semaine, l'Algérie brûle! Malgré les importants moyens déployés et l'aide internationale, les feux continuent de ravager une dizaine de wilayas du pays. Dans la matinée de vendredi dernier, un brin d'espoir est venu de Tizi Ouzou, la région la plus touchée par ce drame. La Protection civile a annoncé que tous les feux dans cette wilaya ont été éteints. À peine une demi- heure après, c'est la grande désillusion. Les pompiers annoncent qu'une dizaine de nouveaux foyers se sont déclenchés. Les jours qui ont suivi, bis repetita! Les soldats du feu sont venus à bout d'un incendie avant qu'un autre ne se déclenche, quelques kilomètres plus loin. Une situation des plus frustrantes qui a soulevé moult interrogations auprès de l'opinion publique. Que se passe-t-il? Pourquoi cet enfer ne veut-il pas s'arrêter? Les pyromanes continuent-ils d'activer dans ces vastes étendues boisées? Joint par téléphone, le colonel Farouk Achour, directeur de l'information et des statistiques à la Protection civile, confirme qu'il s'agit de nouveaux foyers d'incendies. «La plupart des feux de forêt qui n'ont pas encore été maîtrisés sont de nouveaux foyers», souligne-t-il. Qui est donc responsable? Ce pompier haut gradé semble écarter la thèse criminelle. Il estime que les conditions climatiques actuelles, avec la canicule qui s'abat sur le pays, ainsi que les vents violents, favorisent les nouveaux départs de feu. «Il faut aussi savoir que les feux de cette intensité génèrent des nuages appelés «pyrocumulus», responsables d'un microclimat, qui auto-alimente le feu», explique-t-il. «Ces microclimats provoquent des conditions instables qui favorisent la propagation des incendies», atteste-t-il. Effectivement, en se rendant sur place, on a remarqué que le climat au niveau des zones touchées par les incendies diffère de celui des zones de la même région, épargnées par les feux. En plus de la chaleur suffocante et des nuages, des vents violents soufflent presque sans interruption. «Comme lors d'un orage, des vents violents ascendants et descendants se mettent en place. Ces vents alimentent le feu, le rendant encore plus puissant», atteste notre interlocuteur. «Ces microclimats permettent aussi de déclencher de nouveaux feux à plusieurs kilomètres du foyer principal», soutient-il pour faire comprendre les raisons de ce cauchemar. Néanmoins, le colonel Achour n'écarte pas totalement la piste de nouveaux incendies volontaires. «Si la plupart de ces nouveaux foyers ont été déclenchés par ces microclimats, il se pourrait que certains aient été provoqués, comme pour les foyers principaux», avoue-t-il. Le directeur de l'information et des statistiques à la Protection civile estime, toutefois, qu'il est trop tôt pour faire de telles déductions. «Les enquêtes qui vont suivre nous permettront de déterminer l'origine de tous les incendies», assure le colonel Achour. En attendant, il estime que la situation commence à être maîtrisée. Il se montre confiant en estimant que le plus dur est derrière nous. Cela même si 10 wilayas du pays continuent à être la proie des flammes. «Nos hommes continuent (hier, Ndlr) à combattre 19 feux au niveau de 10 wilayas du pays», fait-il savoir. «Il s'agit de 6 foyers à Béjaïa, 3 à El Tarf, 2 à Tizi Ouzou, Sétif et Guelma et un à Aïn Defla, Annaba, Bouira et Skikda», ajoute-t-il. Samedi dernier, les soldats du feu sont venus à bout de 33 incendies à travers 12 wilayas dont 17 à Tizi Ouzou, 3 à Béjaïa, 2 à Jijel, Boumerdès, Médéa et un incendie à El Tarf, Tébessa, Skikda, Tiaret, Batna, Mila et Souk Ahras», conclut-il. Nos anges en noir sont donc sur tous les fronts. Depuis, une semaine, avec les soldats de l'ANP et les habitants volontaires, ils combattent sans relâche le feu. Des milliers de vies et d'hectares de forêt ont été sauvés. Fort heureusement, on ne déplore que des blessés légers. Courage à eux dans cette noble mission!