Depuis plus de 48 heures, Blida croule sous les cendres provoqu�es par les feux de for�t, notamment celles de Chr�a et Tamezguida. La vue est apocalyptique et l�on ne peut plus respirer. La couleur orange du ciel sur le paysage fait peur et les habitants de Blida craignent le pire d�autant que les feux ont commenc� mardi soir � se rapprocher de la ville. Les flancs de Chr�a br�lent intens�ment mais, hier, les feux on �t� attis�s par les vents qui ont propag� les foyers d�incendie jusqu�� toucher des maisons dont certaines ont �t� ravag�es par les flammes. Selon le directeur de la Protection civile de Blida, dix familles ont �t� �vacu�es plus particuli�rement celles de B�ni- Ali et de Baba Moussa dans la commune de Bouarfa. Certaines ont �t� install�es dans les mosqu�es Errahmane et Salem � Blida et d�autres � l��cole Slimane-Chachou sur la route de Chr�a. Des tentes ont �t� �galement pr�vues pour les sinistr�s. Selon la m�me source, les foyers d�incendie les plus importants sont ceux des localit�s de Bougara, Sidi-El-Kebir, Chr�a, El Affroun et Bouarfa. Vu l�ampleur des feux, la Protection civile de Blida a �t� renforc�e par celle des wilayas limitrophes, � savoir A�n-Defla, Chlef, Tipasa, Boumerd�s, M�d�a et Alger. Ainsi, plus de 500 sapeurs-pompiers �taient � pied d��uvre hier pour circonscrire les feux. �C�est le plus grand incendie qu�a connu la wilaya de Blida depuis 1983�, fera savoir le directeur de la Protection civile. Certains foyers se sont d�clar�s dans la nuit de lundi � mardi aux environs de 22h, ce qui laisse supposer qu�une main criminelle �tait derri�re, disent des responsables, d�o� une enqu�te a �t� ouverte. Le wali de Blida s�est d�plac� hier sur les lieux pour s�enqu�rir de la situation des riverains. Il dira que l�acheminement des moyens lourds a �t� rendu difficile par la difficult� du terrain. Au moment o� nous mettions sous presse, nous apprenons que des foyers d�incendie se sont d�clar�s sur flancs de la commune de Bouinan, � 20 kilom�tres � l�est de Blida. Il faut savoir que beaucoup de citoyens habitant les lieudits Tchlalta et Oued Abarare, endroits situ�s sur les hauteurs de Blida � 7 kilom�tres sur la route de Chr�a, ont perdu leurs biens. Certains ont vu tout leur �levage de poulets partir en fum�e. �J�ai perdu 8 000 poulets dans l�incendie d�hier�, nous dira un �leveur de Tchlalta. Les odeurs de la chaire de poulet ajout�es � celles de la braise rendaient insupportables la respiration. Plus loin, � B�ni-Ali, � environ 900 m�tres d�altitude, il �tait tr�s difficile, voire risqu� d�avancer. A notre arriv�e sur les lieux, les sapeurs-pompiers nous ont conseill� de ne plus s�aventurer davantage. Les feux �taient gigantesques et la fum�e qui s�en d�gageait obscurcissait les lieux. D�ailleurs, les policiers et les gendarmes, post�s � l�entr�e de la route qui m�ne vers Chr�a interdisaient aux usagers l�acc�s. La route �tait jonch�e d�engins militaires qui s�attelaient � �teindre les feux. Quant � nous, nous avions d� emprunter, escort�s par l�arm�e, une piste sinueuse qui a fini sa course � B�ni-Ali. Le paysage �tait panoramique par endroits mais les feux mena�aient � tout moment de se r�pandre. A B�ni-Ali, sauf les pompiers pouvaient continuer leur route car le risque pesait lourd tant les arbres en flammes mena�aient � tout instant de se rompre et tomber sur la route. Enfin, selon la direction de la Protection civile de Blida, les foyers d�incendie ont �t� pour la plupart ma�tris�s et seront tous circonscrits d�ici la journ�e d�aujourd�hui. M. Belarbi Tizi-Ouzou suffoque La chaleur naturelle et les feux de for�t, l�air charg� de fum�e est irrespirable ces deux derniers jours, tels des flocons de neige, les cendres pleuvent sur plusieurs localit�s de la wilaya de Tizi-Ouzou qui suffoque. La visibilit� est consid�rablement limit�e, la seule journ�e d�hier a enregistr� 20 foyers d�incendie entre 9 h et 15h, selon la Conservation des for�ts, 28 d�apr�s la Protection civile. Les services sur le pied de guerre, sont assaillis d�appels signalant les d�parts de feu, r�clamant des moyens d�intervention, ils sont d�pass�s par le nombre d�incendies, il leur faut �tre partout � la fois avec des moyens largement insuffisants et inad�quats pour combattre le feu aux quatre coins de la wilaya, sur des sites �loign�s par rapport aux moyens de lutte et parfois inaccessibles. Souvent aussi sans soutien de la population sauf en cas de menace directe sur les habitations, les vies humaines et le cheptel. Cet �t� aura �t� l�un des plus atroces qu�ait v�cu la population de la Kabylie en mati�re de feux de for�t provoqu�s, de l�avis quasi g�n�ral par les bombardements de l�arm�e visant � faire exploser les mines prot�geant les rep�res terroristes et � d�busquer les hordes d�assassins qui y trouvent refuge. D�autres sources n�excluent pas que les feux de for�t soient d�origine terroriste dans le but d�attiser l�hostilit� l�gendaire des populations locales contre le pouvoir qui, en br�lant les for�ts, s�attaque aux seules sources de revenus dont dispose encore la population r�duite au ch�mage. Dans un cas comme dans l�autre, les for�ts de la wilaya de Tizi- Ouzou ont pay� un lourd tribut � la lutte contre le terrorisme qui s�est montr� tr�s actif, d�s l�ouverture de la saison estivale, � travers le territoire de la wilaya plus particuli�rement � l�est et au sud de Tizi-Ouzou. Rarement, pour ne pas dire jamais, les feux de for�t n�ont ravag� d�aussi vastes �tendues d�oliveraies, de ch�ne-li�ge, ch�ne zen, de pins, d�eucalyptus, de maquis et broussailles transformant la wilaya en un immense brasier durant les mois de juillet et ao�t provoquant, par voie de cons�quence, une vive controverse au sein de l�opinion et r�probation g�n�rale des fellahs exploitants des oliveraies br�l�es qui voient leur capital vivrier, longuement entretenu et soign�, parti en fum�e en un clin d��il sans espoir de le reconstituer avant des ann�es d�efforts et de sacrifices. Sauf � cr�diter les 2 th�ses contradictoires aux m�mes effets sur le terrain, l�explication s�curitaire n�est pas valable dans tous les cas, si les incendies qui ont suivi l�attaque terroriste de la gendarmerie de Yakouren et ceux, plus r�cents, cons�cutifs � l�accrochage de la for�t d�Amejoudh, peuvent avoir �t� provoqu�s par les bombardements ce n�est, s�rement pas le cas des 20 ou 28 foyers enregistr�s hier ao�t dans plusieurs localit�s situ�es au nord telle que Ouaguenoune,Tigzirt, Iflissen, Azeffoun; � l�est telle que Azazga,Yakouren, Akerrou Zekri ; au sud telle que Ma�tkas, Zemzer, B�ni- Douala, Ouadhias et Tizi-N�Telata et dont on n�a pas encore estim� les d�g�ts. Jusqu�� la date du 27 ao�t et avec 2 semaines d�accalmie, du 11 au 17 et du 18 au 24, la wilaya a enregistr� 66 incendies qui ont d�truit plus de 641 ha dont 352 hors for�ts portant sur les arbres fruitiers, des oliviers en grande majorit�. Devant ce ph�nom�ne, le dispositif officiel de pr�vention et de lutte contre les feux de for�t s�av�re, avec des moyens humains et mat�riels mis en place notoirement insuffisants, peu efficaces d�autant que la mobilisation des populations locales fait souvent d�faut. Impossible, dans les conditions ayant pr�valu au d�part de nombreux foyers parfois r�p�titifs, de voir les services des for�ts, de la Protection civile et leurs partenaires dans le dispositif de lutte contre les feux de for�t, intervenir dans les d�lais et avec l�efficacit� requise m�me en cas d�existence de pistes, de tranch�es pare-feu, de points d�eau � ce qui est loin d��tre le cas compte tenu de l��tat de nos for�ts peu ou pas du tout entretenues, nettoy�es et souvent transform�es en d�charges publiques. B. T. Plus de 316 ha de d�g�ts, l'a�roport �vacu�, des habitations et le club hippique menac�s � B�ja�a B�ja�a continuait de �br�ler� encore dans la journ�e d�hier avec plusieurs d�parts de feu qui se sont d�clench�s � travers plusieurs localit�s de la wilaya, notamment sur la c�te, faisant grimper les temp�ratures d�j� suffocantes enregistr�es lors de ces derni�res journ�es caniculaires et provoquant de terribles pertes estim�es � environ 316 ha de for�t, broussailles et des centaines d�arbres fruitiers, selon un premier bilan �tabli par la direction de la Protection civile. Les unit�s de ce corps soutenues par la colonne mobile de lutte contre les feux de for�t ont eu � combattre 34 foyers d�incendie r�partis sur toute l��tendue de la wilaya de B�ja�a. 18 feux importants ont �t� enregistr�s durant les journ�es de lundi et mardi ravageant plus de 316 ha de for�t et de broussailles et des centaines d�arbres fruitiers. Le feu le plus important a �t� signal� � Bourachid dans la commune de Kendira (Barbacha). Celui-ci, qui s�est d�clar� au milieu de la journ�e de lundi dernier, a n�cessit� plus de 35 heures aux pompiers pour �teindre le sinistre. Cet incendie d�vastateur a mobilis� plusieurs engins des diff�rentes unit�s et de la colonne mobile, des dizaines d��l�ments de la Protection civile, appuy�s par les ouvriers des communes de Kendira, Barbacha ainsi que les �l�ments de la Conservation des for�ts. Ce sinistre a d�truit � lui seul environ 200 ha de ch�ne-li�ge, ch�ne-vert, pin d�Alep et des arbres fruitiers. Les soldats du feu �taient encore � pied d��uvre hier pour ma�triser cinq autres importants d�parts de feu. L�un d�eux durant la soir�e de mardi � Bourbatache dans la commune d�El-Kseur et les quatre autres d�parts de feu se sont d�clar�s dans la matin�e d�hier � Djebel-El-Hit et Oued Affalou (Boukhlifa), Sidi-Youcef (Derguina), Atmas (Semaoune). Un incendie apocalyptique a �t� observ� durant la journ�e d�hier sur la c�te-est b�jaouie couvrant toute l��tendue allant de Boukhlifa � Tichy. De gigantesques nuages de fum�e se d�gageaient de l�incendie et �taient visibles � plusieurs kilom�tres enveloppant le ciel b�jaoui. M�me l�a�roport de B�ja�a a �t� �vacu� cons�quemment � cet incendie. Plusieurs unit�s des soldats du feu qui sont venus en renfort aid�s par les populations locales m�nent une lutte acharn�e contre le sinistre qui continue � d�vaster tout sur son passage. Plusieurs maisons � Boukhlifa se trouvaient encercl�es par les flammes qui mena�aient �galement le club hippique dans la m�me commune. L�on ignore encore le bilan d�finitif des d�g�ts occasionn�s par le sinistre m�me si aucune perte en vie humaine n�est d�plor�e � l�heure o� nous mettions sous presse. Par ailleurs, un appel a �t� lanc� � travers les ondes de la radio locale en direction de la population pour appuyer les soldats du feu � Tichy � venir � bout des flammes. A. Kersani La plus belle for�t de Sidi-Bel-Abb�s, proie des flammes Le feu entretenu par un vent tr�s chaud soufflant en faveur des flammes embrase encore jusqu�� l�heure o� nous mettions sous presse la for�t de T�nira, autrefois de v�g�tation luxuriante et consid�r�e comme une parure de la r�gion de Sidi-Bel-Abb�s. Vers 8h du matin dans la journ�e de mardi dernier, un important feu d�origine inconnue s�est d�clar� dans cette for�t situ�e dans la da�ra de Tenira ravageant la v�g�tation, constitu�e notamment de pin d�Alep et de maquis. Conjuguant leurs efforts, les services de la Conservation des for�ts, de la Protection civile de la DTP (Direction des travaux publics) et de la s�curit� luttent sans r�pit contre les flammes gigantesques que vient attiser le vent chaud qui souffle depuis plusieurs jours sur la r�gion en plus d�une temp�rature caniculaire de plus de 43�. Pr�s de 48 heures apr�s, le feu d�fiait toujours les intervenants � cause des conditions m�t�orologiques. D�importants moyens de la Protection civile et de la Conservation locale des for�ts ont �t� mobilis�s pour circonscrire le feu et les d�g�ts ne seront pas �valu�s tant qu�il ne sera pas �teint. A noter que la for�t de Tenira, autrefois fort luxuriante, �tait un lieu de d�tente par excellence fr�quent�e par les familles b�labesiennes avant les ann�es noires du terrorisme. Puis abandonn�e � cause de son ins�curit� pendant des ann�es, elle a repris timidement sa vocation de tourisme derni�rement. Cette r�gion foresti�re ayant fait l�objet de bombardements intensifs � la suite d�actes terroristes conna�t une r�g�n�ration naturelle et rev�t progressivement son manteau vert. Pour rappel, d�autres feux ont ravag� 6 ha de for�t dans la journ�e de samedi dernier. Le premier a ravag� un hectare de r�g�n�ration naturelle dans la commune des Amarnas dans la da�ra de Sidi- Lahcen (SBA). Un deuxi�me a pris le d�part dans la commune d�El-Hoce�ba dans la da�ra de Moulay-Slissen et a ravag� 5 hectares de tapis herbac�. Les deux brasiers ont �t� finalement �teints quelques heures apr�s. Enfin, il convient de saluer les efforts des intervenants dans la lutte contre les incendies, notamment ceux de ces derniers jours o� un climat d�enfer avec une temp�rature avoisinant les 43� et un sirocco implacable a rendu leurs interventions tr�s difficiles voire p�rilleuses. A. M.
Pluie de cendres sur Alger Alger s�est r�veill�e hier matin avec un tapis de cendres recouvrant voitures, toits d�immeubles et trottoirs. Un �norme nuage de fum�e et des particules de cendres en suspension enveloppaient la capitale depuis mardi en fin de journ�e rendant l�air pratiquement irrespirable. Une poussi�re compacte qui a, par moments, pratiquement couvert le soleil. A la mi-journ�e, les rues et avenues d�habitude bond�es �taient pratiquement d�sertes. C�est la ru�e vers les taxis, les transports en commun et l�eau min�rale. Difficile en effet de marcher sous un soleil de plomb, par un temps de plus en plus caniculaire. Cette pluie de cendres qui s�est abattue sur Alger et ses environs est la cons�quence directe des incendies qui ravageaient les for�ts situ�es de la wilaya de Blida. En effet, trois incendies ont �t� enregistr�s hier dans le massif blid�en o� 270 soldats du feu �taient mobilis�s pour les circonscrire. Alors qu�� l��chelle nationale, pas moins de 38 incendies ont �t� enregistr�s dans plusieurs wilayas du pays notamment � Jijel, Tizi- Ouzou, El-Tarf et Beja�a. Les efforts consentis par les �l�ments de la Protection civile mobilis�s pour lutter contre ces incendies ont permis n�anmoins d�en ma�triser une vingtaine durant la journ�e de mardi. Hier encore, les soldats du feu luttaient contre des incendies � Tipasa (4 foyers), Sidi-Bel- Abb�s (1), Skikda (4), Tizi- Ouzou (3), Chlef (4) et Boumerd�s (2), Mila (1), Souk-Ahras (1), Beja�a (3), Annaba (1). Certains foyers n�cessitaient le d�placement des colonnes mobiles et d�importants renforts pour venir � bout des flammes. 6000 hommes mobilis�s Le dernier bilan de la Protection civile fait �tat de pas moins de 536 foyers d�incendie enregistr�s dans diff�rentes for�ts ravageant 9157 hectares de for�t depuis le d�but de la saison estivale. Durant la m�me p�riode, ce sont pas moins de 4 403 hectares de maquis et 12 351 autres de cultures c�r�ali�res (bl� et orge) qui ont �t� d�truits respectivement par 276 et 1 330 incendies. De m�me que 159 435 bottes de foin. La production fruiti�re n�a pas �chapp� aux flammes qui ont eu raison de 59 435 arbres fruitiers. Le Sud n�a pas �t� �pargn� non plus, puisque 4 575 palmiers ont �t� d�truits par les feux. Pour y faire face, les services de la Protection civile ont mobilis�s pas moins de 6 000 hommes pour lutter contre les incendies de for�t durant cette saison estivale potentiellement risqu�e. Une t�che qui s�annonce tr�s difficile pour les soldats du feu.