C'est avec une résolution sans grande conséquence que le Conseil de sécurité de l'ONU a finalement tranché, appelant les «parties au conflit» du Sahara occidental à reprendre les négociations, «sans pré-conditions et de bonne foi», et prolongeant la «mission» de la Minurso d'un an sans autre forme de procès. La demande insistante de nombreux pays et ONG, notamment américaines, à inclure la question des droits de l'homme dans le mandat de la Minurso pour 2022 a été purement et simplement «ignorée», faute d'un consensus dynamité, on s'en doute, par la position de la France qui, en temps que membre permanent de l'instance onusienne, aura pesé de tout son poids pour maintenir le statu quo profitable au Royaume marocain. Le texte rédigé par les Etats-Unis en tant que porte-plume du Conseil de sécurité sur la question du Sahara occidental a été approuvé après avoir été expurgé de tout ce qui pouvait conduire à la menace du veto, ce qui n'a pas empêché, il faut le noter, la Russie et la Tunisie de choisir l'abstention pour marquer leur insatisfaction à son égard. Ainsi, la résolution recommande une reprise des négociations, que devra conduire le nouvel émissaire de l'ONU, Staffan de Mistura, «en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable» dans la perspective d'une «auto-détermination du peuple du Sahara occidental». Cependant, en «réaffirmant la nécessité de respecter pleinement les accords militaires conclus avec la Minurso, liés au cessez-le-feu, et en «appelant les parties à s'abstenir de toute action qui pourrait saper» les efforts de l'ONU ou «déstabiliser davantage la situation au Sahara occidental», le document fait preuve d'une étrange abstraction de la réalité du terrain. Le Royaume marocain a fait voler en éclat l'accord de cessez-le-feu qu'il a lui-même conclu, pour sauver les meubles, en 1991 avec le Front Polisario. Il a déployé illégalement ses troupes dans la zone tampon d'El Guerguerat où elles ont agressé des militants sahraouis pacifiques, ce qui signifie clairement une rupture de l'accord conclu sous l'égide de la Minurso. C'est donc un cadeau empoisonné que le Conseil de sécurité vient de mettre entre les mains des nouveaux représentants onusiens, de Mistura et Ivanko qui vont clairement éprouver d'immenses difficultés pour mener à bien leur mission. Cela est surtout vrai pour la Minurso qui, faute de disposer d'un droit de regard sur les exactions marocaines contre le peuple sahraoui dans les territoires illégalement occupés, aura des «prérogatives» à peine platoniques puisqu'elle n'est jamais parvenue à progresser sur le principal objectif qui est l'organisation d'un référendum d'autodétermination attendu par le peuple sahraoui depuis de nombreuses décennies. En somme, la montagne a accouché d'une souris et le Front Polisario a raison d'exclure par avance tout nouveau cessez-le-feu, sachant que le Royaume marocain va persister dans sa politique du fait accompli et poursuivre le pillage des ressources du peuple sahraoui au profit des puissances qui le parrainent.