La protesta se poursuit dans le secteur de l'Education nationale. Le Cnapeste a appelé à un nouveau débrayage, de deux jours, à partir de ce matin. «Le Conseil national, qui s'est réuni, les 5 et 6 novembre, a décidé de maintenir sa grève cyclique de 2 jours par semaine», a indiqué, hier, dans un communiqué le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste). «Le débrayage est prévu les 8 et 9 novembre prochains», ajoute la même source. Ce syndicat autonome de l'Education nationale menace même de durcir son mouvement, à travers un boycott administratif. «En plus du maintien de la grève de deux jours, il a été décidé de ne pas remettre les notes des devoirs et des compositions», fait-il savoir, annonçant, au passage, l'organisation de sit-in devant les représentations nationales et régionales de l'Education nationale. Une «escalade» qui passe mal, du côté des parents d'élèves et même des travailleurs du secteur. Ils voient cela comme une véritable «prise d'otages» des élèves, car, même si leurs revendications sont légitimes, le recours à la grève, dans les conditions actuelles, est une grave menace sur l'avenir des millions d'enfants. Déjà que l'enseignement se fait au «rabais» depuis la mise en place du système de double vacation, réduisant de façon considérable le volume horaire des cours. Les élèves se retrouvent avec des semaines de...trois jours. On est loin des normes internationales, qui permettent un apprentissage de bonne qualité. Si l'on y ajoute une grève de 2 jours par semaine, c'est toute l'année scolaire qui est mise entre parenthèses. Quelle génération allons-nous former avec ces cours «light»? Le bien-être des enfants ne doit-il pas être mis au-dessus de toutes autres considérations? Une situation qui fait que les autres syndicats, qui partagent pourtant les mêmes revendications que le Cnapeste, n'ont pas voulu le suivre dans cette aventure hasardeuse. D'ailleurs, il semblerait que cette question divise même à l'intérieur de ce syndicat. Les 2 jours de débrayage organisés, mardi et mercredi derniers, ont connu un taux de suivi des plus faibles. Le ministère de l'Education nationale parle d'un taux de participation de 3,6% à l'échelle nationale, alors que le syndicat donne des chiffres de plus de 50% de suivi. Mais force est de constater sur le terrain que les chiffres se rapprochent plus de ceux fournis par la tutelle. Pourtant, on connaît la représentativité du Cnapeste, notamment au niveau des lycées. On se souvient comment, en 2018, il avait réussi à paralyser les établissements scolaires du pays, durant plus d'un mois, ce qui n'a pas été le cas la semaine dernière. La majorité des structures a fonctionné presque normalement, avec quelques «chauvins» qui ont fait de la résistance. La reconduction de cette grève frise donc «l'indécence», surtout que la tutelle n'a pas fermé la porte du dialogue. Le ministre de l'Education nationale, Abdelhakim Belabed, a rencontré les syndicats le premier jour du mouvement de protestation. Il a appelé à la concertation, afin de trouver des solutions à ces problèmes, qui faut-il le préciser, tardent à être résolus. Une rencontre que le Cnapeste a qualifiée d'infructueuse. «Elle n'a rien apporté de nouveau, nous poursuivrons notre mouvement», a déclaré Messaoud Boudiba, le secrétaire national chargé de la communication. Les autres syndicats ont aussi exprimé leur mécontentement, suite aux résultats de cette réunion. Ils ont, cependant, préféré adopter une position plus conciliante. La grève est, pour eux, le dernier recours. Le Cnapeste est donc seul contre tous...