D'aucuns parmi les travailleurs du secteur économique, ainsi que les fonctionnaires de l'administration publique, s'interrogent sur les incidences réelles des mesures annoncées par le président de la République, concernant le relèvement du point indiciaire et les abattements sur l'IRG. Selon le spécialiste du droit du travail et en ressources humaines, Si Ali Hebib, il estime qu'il s'agit là «d'un jeu comptable. En fait, les rémunérations ne vont pas être revues à la hausse. Ce sera l'effet de la suppression ou l'allégement de la fiscalité qui va induire des hausses salariales indirectes sur les revenus», notera-t-il. Pour lui, «le profil fiscaliste du Premier ministre, ministre des Finances laisse supposer que c'est lui qui est à l'origine de cette solution intelligente, qui est la révision des impositions sur l'IRG». Ainsi, la refonte du barème de l'impôt sur le revenu global (IRG), devra influer positivement sur les revenus. Tout d'abord, «les traitements, indemnités, émoluments, salaires, pensions et rentes viagères, bénéficieront d'un abattement proportionnel sur l'IRG à hauteur de 40%...». Cela donnera un seuil de gains annuels, situé à partir de 12000 dinars jusqu'à plus de 18000 dinars. L'équivalent de 1000 à 1500 dinars de gains mensuels pour un travailleur. Seront soumis à un nouveau barème de l'IRG, les salaires compris entre 240001 et 480000 dinars, à hauteur de 23%, ceux situés entre 480001 et 960000 dinars à hauteur de 27%, ceux situés entre 960001 et 1920000 dinars à hauteur de 30%, ceux situés entre 1 920 001 et 3840000 dinars à hauteur de 33%, et enfin les revenus supérieurs à 3840000 dinars seront imposables à hauteur de 35%. Ces mesures exclues des impositions de l'IRG les revenus annuels n'excédant pas 240000 dinars. Les travailleurs handicapés moteurs, mentaux, non-voyants ou sourds-muets, ainsi que les travailleurs retraités du régime général, dont les salaires sont supérieurs à 30000 DA et inférieurs à 42500 dinars, devront bénéficier d'un abattement supplémentaire sur le montant de l'IRG, non cumulable. Pour les revenus supérieurs à 30000 DA et inférieurs à 35000 dinars, ils bénéficient d'un deuxième abattement supplémentaire. Pour Si Ali Hebib, «c'est une mesure qui va alléger la pression fiscale sur les revenus des travailleurs...». Gelées depuis 2012, hormis pour quelques statuts spécifiques, les augmentations salariales dans le secteur de la Fonction publique font jaser les esprits. Au 31.12.2019, l'effectif général de la Fonction publique s'élevait à 2.160.836 fonctionnaires et agents contractuels. Avec environs 60 statuts particuliers de différents corps et fonctions, ce secteur reste le plus impressionnant dans le pays. Pour notre expert, «tout relèvement des points indiciaires, quels qu'ils soient, impliquerait des sommes colossales pour le Trésor public... Je m'interroge sérieusement sur la faisabilité de la chose et les sources de son financement, surtout». Et de préconiser que seule «une politique de plein emploi, qui prendra en considération des plans de soutien et d'accompagnement aux entreprises en difficultés, et le repêchage de milliers de travailleurs victimes collatérales de la Covid-19, est à même de garantir une solution globale et équitable pour le monde du travail», dira-t-il.