Trois chefs d'Etat, et pas des moindres, ont manqué à l'appel de la Conférence de Paris sur la Libye qui s'est ouverte hier: Le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue turc, Recep Tayip Erdogan. Deux pays dont le rôle est prépondérant dans cette crise libyenne. Pour Tebboune, les raisons de sa non- participation s'expliquent par la brouille diplomatique qui a suivi les déclarations malveillantes du président Macron sur l'Algérie et ses dirigeants. Des propos ressentis comme un coup de poignard dans le dos pour Abdelmadjid Tebboune qui entretenait jusque- là une relation plutôt cordiale avec son homologue français. Il a ainsi délégué son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, pour le représenter à la conférence de Paris, à laquelle l'Algérie, comme tout autre initiative d'ailleurs, capable d'esquisser une solution de paix en Libye voisine. Aussi, la décision de la participation de l'Algérie à ce rendez-vous, intervient dans le cadre de «la concrétisation de l'engagement des hautes autorités du pays, et à leur tête le président de la République, en vue de la poursuite des efforts consentis par notre pays pour l'accompagnement de nos frères libyens dans la mise en oeuvre de la feuille de route politique tracée par les parties libyennes». La semaine passée, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, a réuni ses homologues tunisiens et libyens venus à Alger, assister aux festivités célébrant le 67e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. la ministre libyenne des AE et de la Coopération internationale, Najla Al-Mangoush et le ministre des AE, de la Migration et des Tunisiens à l'étranger, Othman Jerandi et Ramtane Lamamra, ont accordé leurs violons pour faire face à un contexte pré-électoral bouillonnant en Libye. Les trois chefs de la diplomatie ont réaffirmé leur détermination à poursuivre les efforts communs, en collaboration avec l'ensemble des pays voisins de la Libye, afin de concrétiser les priorités de la prochaine étape en Libye. Les ministres ont décortiqué la situation prévalant en Libye, pour pouvoir mener des concertations et coordonner les positions à son sujet. Aussi, ont-ils évoqué l'état des préparatifs des prochaines échéances prévues sur la scène nationale libyenne et les efforts visant à booster le processus sécuritaire-militaire, aux fins de favoriser le règlement de la crise et oeuvrer à l'amélioration du climat dans ce pays frère. A 48 heures de l'ouverture de la rencontre de Paris, le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Moussa Al-Kouni, accompagné du chef d'état-major et nombre d'officiers, a achevé, hier, sa visite de deux jours à Alger. Pour s'imprégner de l'expérience algérienne. La Russie a choisi la même option que l'Algérie. Poutine a dépêché son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Quant à Erdogan, les raisons de la non-participation tient à d'autres arguments. «Nous avons informé le président Macron de notre vision sur cette conférence, qui sera identique à celle de Berlin, et ce n'est pas réaliste, d'organiser deux conférences similaires», a expliqué le président turc, déclinant ainsi l'invitation à ce conclave parisien, organisé conjointement par l'Allemagne, l'Italie, la France et le Gouvernement d'union nationale libyen (GNA) en partenariat avec les Nations unies. Mais Macron est loin d'avoir réussi le challenge de la désormais ex- chancelière allemande, Angela Merkel, qui a pu rassembler à Berlin en 2020, la quasi- totalité des acteurs de la crise Libyenne. Circonspects, les observateurs jugent minimes, les chances de succès de la conférence de Paris justement en raison des présidents Tebboune, Erdogan et Poutine. A cela s'ajoute l'absence totale d'un consensus dans une Libye toujours coupée en deux: à l'Ouest, siège le Gouvernement d'union nationale dirigé par Abdelhamid Dbeibah et à l'Est, règne la Chambre des représentants, à sa tête Saleh Aguila, avec le soutien militaire de l'ambitieux maréchal Haftar. De ce fait, l'objectif annoncé par la conférence, à savoir organiser une élection présidentielle d'ici le 24 décembre prochain, reste sérieusement compromis.