Les affrontements pour la ville de Marib, dans le nord du Yémen en guerre, ont déjà fait des milliers de morts parmi les combattants et fuir un nombre plus important encore de familles désormais entassées dans des camps de fortune dans le désert. Marib est le dernier front du conflit qui oppose depuis 2014 le gouvernement, soutenu par une coalition emmenée par l'Arabie saoudite à partir de 2015, aux rebelles Houthis alliés à l'Iran. Cette bataille dans une province riche en pétrole et considérée comme cruciale dans la guerre au Yémen dure depuis plus d'un an, déjà. C'est le dernier bastion dans le Nord du gouvernement reconnu par la communauté internationale après qu'il a été chassé de la capitale Sanaa par les Houthis en 2014. A 120 kilomètres de Sanaa, Marib est au carrefour du Nord et du Sud et sur le tracé de l'autoroute qui va en Arabie saoudite. Les provinces alentour regorgent dans leurs sous-sol de gaz et de pétrole. La raffinerie, Safer, l'une des deux seules du pays, a une capacité de production de 10.000 à 20.000 barils par jour. Marib, encaissée entre montagnes et vallées, est en outre un symbole historique: elle est, selon la tradition, la capitale où régna la mythique reine de Saba. Les Houthis ont lancé leur grande offensive sur Marib en février. Après une période d'accalmie, elle a repris de plus belle en septembre. Des milliers de combattants sont morts des deux côtés. Selon deux hauts gradés loyalistes surle terrain, les rebelles attaquent les forces gouvernementales chaque jour depuis l'Ouest, le Nord et le Sud. «Ils envoient des milliers de combattants par camions et parfois sur des motos et ils utilisent leurs drones pour prendre les villages un par un jusqu'à ce qu'ils arrivent à Marib», explique l'un responsables loyalistes. Les Houthis ont déjà affirmé être aux portes de Marib. Mais pour ces hauts gradés, ils seraient plutôt à 30 kilomètres à l'Ouest et au Nord de la ville, et encore à 50 kilomètres de Marib au Sud. La coalition emmenée par l'Arabie saoudite fait régulièrement état de frappes et de milliers de Houthis tués dans cette bataille. Mais ces chiffres n'ont pas pu être vérifiés de source indépendante et les rebelles, eux, ne communiquent pas sur leurs pertes. Malgré l'avancée des Houthis, le gouvernement se dit certain qu'ils ne prendront pas Marib. Les hauts gradés assurent que les troupes gouvernementales ont creusé des tunnels autour de Marib qui renforcent sa protection.»Marib a résisté et va continuer à résister», a lancé. le gouverneur de la province Sultan al-Arada à un média local. «Marib, avec l'aide de la coalition, repoussera cet assaut.» Si les Houthis prennent Marib, ils contrôleront tout le nord du pays et pourraient s'emparer d'autres provinces. Ils gagneraient aussi grandement en leviers de négociation. Et pour eux, assure l'un des deux haut gradés, au-delà des aspects stratégiques, Marib est une question «de fierté et d'image». Donc, dit-il, «les Houthis continueront à combattre quel que soit le nombre de leurs morts». Les civils yéménites sont sous les feux croisés: des dizaines de milliers ont dû fuir leur maison, d'autres ont perdu la vie. En octobre, au moins 22 personnes ont été tuées dans un bombardement houthi sur une mosquée du sud de Marib, 13 autres dans le pilonnage de la maison d'un chef tribal. «La montée des hostilités depuis début septembre a causé des pertes civiles, de nouvelles vagues de déplacement et plus de restrictions de mouvement pour les civils», estime l'ONU. Depuis qu les Houthis ont relancé leur offensive sur Marib, plus de 45.000 personnes ont été forcées de se déplacer ces deux derniers mois, selon l'OIM.