Le procès de l'ancienne ministre de la Culture s'est poursuivi, hier, au pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M'hamed (Alger) par les plaidoiries de la défense. Les avocats de la principale accusée qui se sont relayés au prétoire ont plaidé l'innocence de l'ex-ministre. Boudjemaâ Guechir, a accusé «Saïd Bouteflika, conseiller et frère cadet du président déchu, ainsi que l'ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh d'être derrière cette affaire ou la cabale judiciaire ayant ciblé Khalida Toumi, qui a quitté le département de la culture en 2014», en représailles à sa participation à l'initiative des 19 personnalités ayant adressé une lettre ouverte au président de la République en 2015, lui demandant de les recevoir pour lui exposer leur inquiétude face à l'accaparement du pouvoir par une bande mafieuse illégitime...». L'avocat a rappelé que l'adhésion de la moudjahida Zohra Drif-Bitat à l'initiative des «19», lui a valu une disgrâce et sa non-reconduction dans son poste de vice- présidente du Conseil de la nation, tandis que Louisa Hanoune a été jeté en prison pour le même motif. «L'instruction ouverte en décembre 2016 portait sur la manifestation «Tlemcen capitale de la culture islamique» et les festivités de la fête de l'indépendance avant qu'elle ne soit élargie aux autres manifestations culturelles», a-t-il fait savoir. Pour cet avocat, «on ne peut pas détacher ces manifestations du contexte politique et diplomatique prévalant à cette époque, qui était marqué par l'impératif de recouvrir la paix et la sécurité au sortir d'une décennie noire, et la tentative de remettre l'Algérie sur la scène internationale après une très longue absence, à travers l'organisation du festival panafricain en juillet 2009, et de ses manifestations '' Alger capitale de la culture arabe '' en 2007 et '' Tlemcen capitale de la culture islamique '' en 2011». «Il est impossible d'appliquer les dispositions du Code des marchés publics aux transactions effectuées dans le cadre de ces manifestations, dont les délais accordés pour leur préparation et réalisation sont très courts», a-t-il soutenu. De même, a-t-il souligné «le Premier ministre et les décisions interministérielles entre le ministère de la Culture et celui des Finances ont autorisé des dérogations et exceptions pour attribuer tous les projets selon le mode de gré à gré». Les enquêteurs de l' Inspection générale des finances ont dépassé leurs prérogatives. Ils ont confondu entre les prérogatives de Khalida Toumi en tant que ministre. «L'accusée ne pouvait pas accordé d'indus privilèges alors qu'elle n'a signé aucun marché», a-t-il estimé. Concernant la manifestation de Tlemcen, il indique que «le pouvoir de gestion financière a été délégué à l'ordonnateur financier, nommé à cet effet par la ministre pour gérer le fonds spécial affecté à la préparation et organisation de la manifestation de Tlemcen». Par conséquent, «la responsabilité de la gestion financière lui incombe ainsi qu'à d'autres intervenants comme le contrôleur financier et l'inspecteur principal du Trésor public, conformément au Code général de la comptabilité publique et le Code des marchés publics», soutient-il. «Les textes de référence et la réalité ne confèrent aucune responsabilité à l'ex- ministre de la Culture», a-t-il souligné, rappelant que «pas moins de 17 décisions interministérielles ont émaillé la manifestation de Tlemcen capitale de la culture islamique». L'avocat a évoqué le recours de la ministre au-passer- outre- en raison des blocages imposés par l'ancien wali de Tlemcen, Abdelouaheb Nouri, tout en prenant à témoin les deux Premiers ministres». La défense a jugé que les éléments matériels et moraux des accusations portées contre l'ancienne ministre ne sont pas réunies. Incarcérée depuis décembre 2019, Khalida Toumi est poursuivie pour «octroi d'indus avantages à autrui», «abus de fonction» et «dilapidation de deniers publics». L'avocate de Abdelkrim Blidia Nesrine, Bouziane a, pour sa part, plaidé l'innocence de son client. Pour elle, son mandant n'avait aucun pouvoir de décision et son rôle se limitait à la signature des ordres de services pour les entreprises réalisatrices. Quant à l'avocate du directeur de la culture de Tlemcen, elle a affirmé que les infractions commises par son client en sa qualité d'ordonnateur financier secondaire ne relève pas du pénal. Le procureur de la République avait requis en fin de soirée de lundi, une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende d'un million de dinars à l'encontre de l'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi. Une peine de 8 ans de prison ferme a été requise à l'encontre de Abdelkrim Benblidia, ordonnateur financier de la manifestation «Tlemcen capitale de la culture islamique». Le parquet a également requis une peine de 5 ans de prison ferme contre le directeur de la culture de Tlemcen, Miloud Hakim nommé également ordonnateur financier secondaire. Pour rappel, plusieurs témoins cités dans cette affaire étaient absents.