Au moment où l'Algérie se trouvait sous l'ère du colon français, ce dernier visait à promouvoir son pays, en exploitant tout ce qui est algérien. Aucun domaine n'a été épargné, y compris sportif, puisque les instances françaises avaient décidé, en 1958, de renforcer les rangs de leur sélection nationale de football d'alors par des talents algériens, surtout ceux résidant en France. Ceci, étant donné que «les Bleus» se préparaient pour la Coupe du monde organisée cette année-là en Suède. Les talents algériens dans le championnat français étaient à la pelle, alors, tels le défenseur de charme de l'AS Monaco, feu Mustapha Zitouni, et l'attaquant «qui avait les yeux derrière la tête», Rachid Mekhloufi pensionnaire de l'AS Saint-Etienne. Deux éléments qui portaient déjà les couleurs de l'Equipe nationale française et avaient contribué grandement à sa qualification pour ladite édition du Mondial. Le Front de Libération nationale (FLN), ne voulait pas rester les bras croisés face à cette situation, en relançant le projet ayant germé en 1957, qui était de lancer une équipe de football. Selon le FLN, le sport peut être exploité pour l'indépendance de l'Algérie, comme cela a déjà été fait dans le secteur militaire, syndical, étudiant ou culturel en créant des organisations ou des syndicats autonomes et musulmans. Après son retour des Jeux de l'amitié organisés à Moscou (Urss), Mohamed Boumezrag, latéral droit des Girondins de Bordeaux et directeur de la sous-division régionale algérienne de la Fédération française de football, a eu la géniale idée de mettre en place une équipe de football en rassemblant les joueurs algériens évoluant en France, dans le seul objectif de faire connaître la cause algérienne et le dur combat mené par les moudjahidine. L'enfant de Chlef n'a informé que ses deux lieutenants, Mokhtar Arribi et Abdelaziz Bentifour. Les trois hommes ont pris, alors, attache avec les joueurs algériens évoluant dans le championnat français, en leur demandant de quitter immédiatement leurs clubs et de rejoindre cette nouvelle équipe à Tunis, lieu de sa création. Le choix de Tunis s'expliquait par l'attitude du président tunisien Habib Bourguiba, qui vantait la fraternité panarabe. «Un fait historique a marqué cette équipe volontaire: l'entraîneur du club Real Madrid, Alfredo Di Stéfano avait approché Mustapha Zitouni pour le recruter et le convaincre de jouer pour la meilleure équipe du monde. Mustapha Zitouni lui répliquera ainsi: « Ne vous en faites pas, je vais jouer bientôt dans la meilleure équipe au monde, celle du FLN», lit-on dans le livre de Mohamed Ghafir, dit Moh Clichy, «Droit d'évocation et de souvenance sur le 17 octobre 1961 à Paris», en page 530. Dans cet ouvrage, l'on a rappelé que 30 joueurs de 14 clubs français ont rejoint Tunis par groupes entre 1958 et 1961. «Un seul joueur de Annaba, Ali Doudoud, a rejoint l'équipe du FLN à Tunis», lit-on encore. Cette équipe servira de porte-voix au Gouvernement provisoire de la République algérienne, devenant un outil de propagande, avec l'occasion de populariser l'insurrection algérienne partout dans le monde. Les tentatives des Français de l'en dissuader se sont avérées vaines, et même sa non-reconnaissance au niveau de la toute puissante FIFA, sous la pression des Français, n'a en rien diminué la volonté des joueurs la composant. Le 1er match officiel s'est déroulé le 9 mai 1958, contre le Maroc et s'est soldé par une victoire du FLN (2-0). Au total, elle a disputé 58 matchs, avec un bilan de 44 victoires, 10 matchs nuls et 4 défaites, avec des déplacements dans différentes capitales du monde: Pékin, Belgrade, Hanoï, Tripoli, Rabat, Prague, Damas etc. Dans ces matchs, Mekhloufi, Amara, Zouba, Boubekeur et autres Kermali et Maouche, descendaient en portant le drapeau algérien. Force était de constater que ces «stars» laissaient leurs empreintes là où elles passaient. L'équipe affrontait la plupart du temps des clubs, souvent les plus prestigieux, et il lui arrivait parfois d'affronter des sélections nationales, comme ce match référence contre la glorieuse Yougoslavie, que les Algériens ont remporté sur le score de 6-1 devant 80 000 spectateurs enthousiastes. Une équipe algérienne qui continua à jouer son rôle sportif militant jusqu'en 1962, date à laquelle elle constitua le premier noyau de l'Equipe nationale algérienne.