L'univers du livre retient son souffle. Il ne reste plus que deux semaines pour que les noms des lauréats du Grand Prix du roman Assia Djebar soient officiellement annoncés par les membres des trois jurys,à savoir de langues amazighe, arabe et française. Les membres des jurys ont sans doute dû effectuer un travail de titan pour mener à terme leur mission et ce, compte tenu du nombre très élevé de romans qu'ils ont reçus pour cette nouvelle édition du plus grand prix littéraire en Algérie, mais aussi à cause du délai qu'il leur a été imparti. Il faut rappeler que ce prix a été éclipsé pour deux éditions à cause de la pandémie de la Covid-19. Cette nouvelle édition a été donc ouverte à tous les romans, dans les trois langues, ayant été publiés depuis 2019 afin de ne pénaliser aucun auteur aspirant postuler à cette haute distinction, très convoitée aussi bien par les écrivains que par les éditeurs professionnels. Les dernières sélections des jurys ont permis de faire ressortir les «short list» sur les bases desquelles l'heureux lauréat de chaque langue émergera. En langue amazighe, les jurés devraient départager les trois écrivains: Mohand Akli Salhi, Rachida Bensidhoum et Achour Fettuche. Ces derniers sont les auteurs respectifs des romans «Titt d yiledd», «Icenga n talsa» et «Tayri n umettan». Concernant la langue arabe, la compétition littéraire comporte cinq finalistes desquels émergera l'heureux récipiendaire du grand prix Assia Djebar. Il s'agit des écrivains arabophones Amel Bouchareb, Zahra Kechaoui, Abdallah Karoum, Ismaïl Berir et Mohamed Amine Ben Rabie. En langue française, cinq auteurs ont eu les faveurs des jurés en attendant le verdict. Il s'agit de Djawad Rostom Touati, Mohamed Abdallah, Ahmed Brahimi, Jean-Baptiste Evette et Corrine Chevalier. Il faut rappeler que l'un des critères importants exigés pour postuler à ce prix est le fait que le roman en question soit édité en Algérie. Les romans ayant été publiés à l'étranger, notamment en France ou dans les pays arabes, ne sont pas éligibles. Cette clause vise à encourager les éditeurs algériens ainsi que la production nationale du livre. C'est pour cette raison que l'on ne retrouve d'ailleurs pas, dans la première liste comprenant tous les écrivains en lice, des auteurs algériens pourtant célèbres, car ces derniers se font éditer très souvent à l'étranger avant que leurs romans ne fassent l'objet d'une réédition en Algérie. Parfois, ce qui n'est pas vraiment fréquent, les romans en question sont édités simultanément ici et ailleurs. La nouveauté du Grand prix Assia Djebar, cette fois-ci, a consisté en la diffusion d'abord de la longue liste puis de la «short list». Chose qui n'existait pas auparavant. Il s'agit d'une initiative louable qui vise à encourager les écrivains dont les romans ont attiré l'attention des jurés, mais qui ne peuvent malheureusement être primés, en dépit des qualités littéraires qu'ils recèlent, car en fin de compte, il faut retenir un seul roman pour chaque langue. Mais le fait de figurer déjà sur la longue liste et la «short list» représente aussi une reconnaissance non négligeable que l'écrivain devrait capitaliser et ne pas sous-estimer et qui devrait l'encourager à aller de l'avant. Les férus de littérature algérienne gagneraient aussi à lire tous les romans figurant sur les deux listes sus-citées car il s'agit de la crème de la récolte romanesque algérienne depuis 2019. Depuis le lancement du prix Assia Djabar du roman, un engouement sans précédent a été constaté aussi bien de la part des écrivains que des éditeurs. Il y a lieu de noter que la cérémonie de remise du grand prix Assia Djebar du roman aura lieu le 30 juin à Alger. Le choix de cette date est loin d'être fortuit. Il s'agit de l'anniversaire de la naissance de Assia Djebar, qui a vu le jour en 1936 à Cherchell et qui est décédée le 6 février 2015 à Paris. En plus d'une oeuvre romanesque imposante et foisonnante, Assia Djebar a été élue à l'Académie française en 2005 devenant la première écrivaine nord-africaine à y être reçue. Assia Djebar est l'auteure de grands romans à l'instar de «Loin de Médine», «L'amour la fantasia», «Les alouettes naïves», «La femme sans sépulture», «Vaste est la prison», «Ombre sultane», «Les enfants du nouveau monde», etc.