Cela fait plus de cinq mois, dans la nuit du 6 au 7 mars sur le marché asiatique, que le baril de Brent a frôlé les 140 dollars. Il a accusé depuis une perte de quelque 45 dollars! Hier vers 13h10 heure algérienne, le baril de la mer du Nord, référence du pétrole algérien pour livraison en octobre perdait 1,40 dollar à 94,91 dollars. Le pétrole américain était lui aussi à la peine. Il affichait 89,14 dollars soit 1,38 dollars de moins que la séance précédente. Autant dire que l'on filait tout droit vers une nouvelle séance cauchemardesque. Tout un ensemble de facteurs y contribuent. Les cours de l'or noir sont plombés, essentiellement, par des craintes de récession, des stocks américains annoncés en hausse et un éventuel retour des barils iraniens sur le marché. Résultat: le baril cale. Les cours du brut flanchaient en raison «des signaux positifs provenant des négociations sur le nucléaire iranien», note Craig Erlam, analyste chez Oanda. Où en est-on à ce propos? L'Union européenne attend de Téhéran et de Washington une «décision rapide» sur le compromis final élaboré à Vienne pour sauver l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, moribond depuis le retrait des Etats-Unis, a déclaré mardi le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. L'accord serait-il imminent? Même si «les choses semblent plus prometteuses que depuis de nombreux mois» les négociations ont déjà échoué alors qu'un accord semblait proche, rappelle Graig Erlam. Les négociations irano-américaines concernant le nucléaire iranien, sont toujours en cours, empêchant la levée de l'embargo qui frappe le pétrole iranien et prive le marché de l'or noir de millions de barils. Le marché reste donc à l'écoute des échos qui parviennent de Vienne concernant le nucléaire iranien. Les négociations s'annoncent difficiles et l'éventualité d'une levée de l'embargo américain sur le pétrole iranien n'est pas acquise. Et ce n'est pas le seul frein auquel doivent faire face les cours de l'or noir. «La crainte d'une destruction de la demande due à la récession est le principal moteur des prix», annonce en parallèle Stephen Brennock de PVM Energy. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu'il s'agit à ce propos des réserves américaines qui ont un impact direct sur la direction des prix. «Les données sur les stocks ont peut-être donné un nouveau petit coup au brut», indiquait Craig Erlam. Comment s'annoncent-ils? La fédération de professionnels du secteur, l'American Petroleum Institute (API) ont estimé mardi soir que les stocks de pétrole brut aux Etats-Unis ont augmenté de 2,156 millions de barils. Le marché attend, désormais, la publication de l'état des stocks américains de pétrole par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), réputée plus fiable que celle de l'API. Que disent les pronostics? «Nous pourrions donc avoir une autre surprise à la hausse qui pourrait peser davantage sur le prix» comme la semaine précédente, relève Craig Erlam. Les analystes tablent toutefois sur une baisse de 1 million de barils des réserves commerciales de brut et de 1,1 million de barils pour l'essence, selon la médiane d'un consensus compilé par Bloomberg. Le baril bénéficie toutefois de facteurs qui pourraient faire pencher la balance en sa faveur. Les livraisons de pétrole russe à trois pays européens via l'Ukraine ont été, en effet, interrompues mardi après le refus d'une transaction bancaire liée aux sanctions visant Moscou. Si «la prime de risque géopolitique attribuée à l'invasion de l'Ukraine par la Russie» semble avoir été annulée, «un rappel brutal a été fait (...) que la crise, qui en est à son sixième mois, ne s'est pas calmée et qu'elle rend l'équilibre pétrolier mondial fragile», souligne l'analyste. Le baril a certes fait marche arrière, mais rien ne dit qu'il ne rebondira pas...