La Russie a reconnu lundi la mort de 63 soldats en Ukraine, tués dans une frappe ukrainienne en territoire séparatiste dans l'est du pays, les plus lourdes pertes en une seule attaque admises par Moscou depuis le début de l'opération spéciale. Moscou fait face à des critiques internes après la mort des 63 soldats. L'état-major ukrainien a confirmé lundi soir avoir mené cette frappe sur Makiïvka, ville sous occupation russe située à l'est de la ville de Donetsk, intégrée au territoire russe par référendum mais dont les forces russes se sont repliées en novembre. Dans une annonce rare qui a fait suite aux critiques des correspondants de guerre russes, le ministère de la Défense à Moscou a déclaré que 63 militaires russes ont été tués dans l'explosion de «quatre missiles» à Makiïvka. L'armée russe n'a qu'à de très rares reprises donné un bilan de son offensive ou communiqué sur ses pertes. Selon le ministère de la Défense, les missiles ont été tirés par des systèmes HIMARS, une arme fournie par les Etats-Unis aux forces ukrainiennes et qui ont frappé «un centre de déploiement provisoire» de l'armée russe à Makiïvka. «Jusqu'à 10 unités d'équipement militaire ennemi de différents types ont été détruites et endommagées», a déclaré l'état-major général. Plus tôt dans la journée, le département des communications stratégiques des forces armées ukrainiennes avait déclaré que près de 400 soldats russes avaient été tués à Makiivka. L'état-major général, qui n'a pas confirmé ce chiffre, a déclaré qu'un bilan des «pertes» humaines était en train d'être établi. L'annonce de ces lourdes pertes a immédiatement provoqué des critiques envers le commandement militaire russe, pour avoir entreposé des munitions dans un bâtiment non protégé. Les reporters de guerre russes, de plus en plus influents, ont affirmé que des centaines de personnes auraient été tuées, lors de l'attaque d'un établissement d'enseignement professionnel à Makiïvka et déplorent le fait de n'avoir tiré aucune leçon des erreurs passées. «Dix mois après le début de la guerre, il est dangereux et criminel de considérer l'ennemi comme un imbécile qui ne voit rien», a déclaré Andrey Medvedev, vice-président de l'assemblée législative de la ville de Moscou. Le gouverneur de la région russe de Samara, Dmitri Azarov, a annoncé l'ouverture d'une ligne téléphonique pour les proches des soldats tués. Sur les réseaux sociaux, les Russes ont été invités à collecter des vêtements, des médicaments et du matériel pour les survivants. Des commémorations ont eu lieu, hier, notamment à Samara et des villes avoisinantes, d'où sont originaires une partie des victimes. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que son armée avait abattu plus de 80 drones. L'annonce de cette frappe intervient après un Nouvel An marqué par des bombardements russes sur Kiev et d'autres villes, qui ont fait cinq morts et des dizaines de blessés, selon les autorités ukrainiennes. Lundi, Kiev a de nouveau essuyé des tirs de drones et les forces ukrainiennes ont affirmé que «la majorité d'entre eux ont été abattus». Lundi soir, le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov a affirmé que la deuxième plus grande ville d'Ukraine et sa région ont été à nouveau la cible de missiles russes. «Des infrastructures essentielles ont été visées», a-t-il écrit. Les autorités régionales ont fait état sur Twitter de «deux missiles» à Droujkivka et Yakovlivka, près de Kramatorsk, et fait état de 2 blessés. Le ministère russe de la Défense a déclaré avoir utilisé des armes de haute précision pour mener de frappes près de Kramatorsk et dans la région de Kharkiv, affirmant avoir tué «plus de 70 mercenaires étrangers». Moscou a opté à partir d'octobre pour le bombardement d' infrastructures en Ukraine, provoquant régulièrement des coupures d'électricité, de chauffage et d'eau. L'Ukraine et l'Union européenne tiendront un sommet à Kiev le 3 février pour discuter du soutien financier et militaire européen, a déclaré lundi le bureau du président Volodymyr Zelensky dans un communiqué. Ils ont évoqué la livraison d'armes «appropriées» et le lancement du nouveau programme d'aide financière pour l'Ukraine de18 milliards d'euros adopté en décembre par le Parlement européen qui viendra s'ajouter aux 45 milliards de dollars promis récemment par le président américain Joe Biden.