Les forces russes encerclaient, hier, Severodonetsk, ville stratégique de l'est de l'Ukraine, où les forces de Kiev affirmaient encore «tenir bon», après 111 jours de combats. Lundi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a, une nouvelle fois, réclamé des armes «modernes» aux Occidentaux, évoquant le coût humain «terrifiant» de la bataille de Severodonetsk. La prise de cette ville de 100 000 habitants va donner à Moscou le contrôle de la région de Lougansk et lui ouvrir la route d'une autre grande ville, Kramatorsk, capitale de la région voisine de Donetsk. Une étape indispensable pour conquérir l'intégralité du bassin du Donbass, région essentiellement russophone en partie tenue par des séparatistes depuis 2014. La Russie a annoncé, hier, la mise en place, dès aujourd'hui, d'un couloir humanitaire, comme à Marioupol deux semaines auparavant, pour l'évacuation vers une localité sous contrôle russe des civils se trouvant dans l'usine Azot, à Severodonetsk. «Un couloir humanitaire sera ouvert en direction du nord (jusqu'à la ville de Svatove) le 15 juin» de 05h00 GMT à 17h00 GMT, a indiqué le ministère russe de la Défense, dans un communiqué. Les troupes russes accentuent la pression dans toute la région, depuis Severodonetsk à la ville voisine de Lyssytchansk, et dans les localités proches de Pryvillia et Borivské. La grande usine chimique Azot va vivre l'évacuation de «540 à 560 réfugiés», selon des responsables ukrainiens. Lyssytchansk est désormais pratiquement déserte, alors que l'armée russe a indiqué avoir lancé des missiles sur «une vingtaine de zones» du Donbass, ainsi que sur la ville de Kharkiv, plus au nord, et avoir procédé à des frappes aériennes sur une centaine de zones de «concentration de main-d'oeuvre et d'équipements militaires des forces armées ukrainiennes». «Le coût humain de cette bataille (de Severodonetsk) pour nous est très élevé. Il est juste terrifiant», a déploré lundi soir le président Zelensky. Kiev affirme que 100 à 300 de ses combattants sont tués chaque jour. «La bataille du Donbass restera sûrement dans l'histoire militaire comme l'une des batailles les plus violentes en Europe», a-t-il estimé. Et face au rouleau compresseur russe, «seule une artillerie moderne assurera notre avantage», a martelé le président ukrainien». «Nous avons juste besoin d'assez d'armes pour assurer. Nos partenaires en ont». Washington a commencé à livrer à Kiev de l'équipement lourd, comme des obusiers Howitzers dans un premier temps, puis des équipements de pointe comme les lance-roquettes Himars, des pièces d'artillerie de haute précision et d'une portée supérieure à celles de l'armée russe. Une accélération des livraisons devrait être discutée, aujourd'hui, à Bruxelles, lors d'une réunion du Groupe de contact pour l'Ukraine autour du ministre de la Défense américain Lloyd Austin. Sur le plan diplomatique, le président français, Emmanuel Macron, devait se rendre, hier, en Roumanie pour saluer les 500 soldats français qui y sont déployés sur une base de l'Otan. Lui qui assume la présidence tournante de l'Union européenne jusqu'au 30 juin doit se rendre ensuite en Moldavie, avant un possible déplacement à Kiev. Sa visite en Ukraine - qui serait une première depuis le début de l'opération russe le 24 février - pourrait se dérouler en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz et du Premier ministre italien Mario Draghi, selon des médias allemands et italiens. La Présidence française n'a pas confirmé ces informations, soulignant que «rien n'est acté» à ce stade. Une telle visite interviendrait alors que l'UE doit décider lors d'un sommet les 23 et 24 juin si elle accorde à l'Ukraine le statut officiel de candidat à une adhésion au bloc européen. La Commission européenne doit rendre son avis avant la fin de la semaine sur ce statut de candidat qui n'est que le début d'un processus d'adhésion pendant des années, voire des décennies.