Un soir de janvier 2023, RMC Sport l'a retrouvé au coeur des Alpes, à Chambéry à la veille de son premier 32e de finale de coupe de France avec un club amateur, aujourd'hui, contre Aubagne (18h). Il court encore... Cédric Rullier, l'entraîneur du Chambéry Savoie Foot n'en revient pas: «Comment il fait avec les tonnes d'entraînement qu'il a derrière lui, pour rester le même, enthousiaste, chambreur et surtout avec toujours cette haine de la défaite dans les petits jeux?» «C'est parce qu'il n'y a que trois séances par semaine, coach», répond du tac au tac Nassim Akrour, en passant devant le bureau de son entraîneur, à peine sorti de sa voiture qui l'amène de Grenoble, à une petite heure du stade d'entraînement chambérien. Energique, souriant, dynamique, le sac sur l'épaule, Nassim Akrour savoure l'instant, l'oeil malicieux et gourmand, surtout quand on se trompe sur son âge au moment de l'interroger: «Même si cela m'arrange, ne me rajeunit pas, j'ai bien 48 ans, pas 47!». Il aura même 49 ans, le 10 juillet prochain: «Comment je fonctionne? En fait je ne sais pas vraiment», interroge-t-il. Chaque début de saison, je regarde si mon corps va bien. Après, je ne sais comment dire... Je conserve ce plaisir du jeu et de m'amuser. Cela a toujours été en moi. Il y a le groupe aussi qui me porte. Et puis cela me permet de garder la forme: le foot, c'est cela. C'est comme ceux qui se lancent dans un marathon, mais moi, je le fais en courant après un ballon, avec les amis, un vestiaire, de la tactique et du jeu. Et avec très peu de trous dans le tableau des assiduités. «En 78 séances depuis le début de la saison, il a six absences, détaille Cédric Rullier. Lui, il apprend aussi à dépasser ses limites, et le staff, nous apprenons à gérer son temps de récupération, forcément au-dessus des autres. Quand il joue plus des 2/3 d'un match le week-end, le suivant, il est remplaçant et la semaine, il se ménage un peu». Sur ce nouvel exercice, en 11 matchs, il a marqué déjà 6 buts. Au temps où il était encore «jeune» lors de ses dernières piges en professionnel (39 ans à Grenoble en 2013 et 42 ans à Annecy en 2016), la légende rapportait qu'il n'avait jamais bu de boisson sucrée, et encore moins accumulé les excès alimentaires. À presque 50 ans, il confirme non sans glisser un bémol: «Je fais quand même moins attention...» Eh oui, car désormais, il se «lâche»: «Si je suis avec des amis dans une soirée, je vais moins être strict dans mon heure de retour. Je vais rester un peu plus longtemps. Je desserre l'étreinte. Je l'ai bien serrée jusque-là, donc je me permets de me relâcher aussi.» Beaucoup aimerait se «lâcher» comme lui et rester toujours aussi affûté... Et aussi frais malgré 537 rencontres officielles recensées pour 178 buts de Sutton United à Chambéry en passant par Istres, Troyes, Le Havre, Grenoble et Annecy: «Moi, ma chance, c'est que je n'ai pas fait de centre de formation, dit-il. Mon premier vrai contrat, je l'ai signé à 26 ans à mon retour d'Angleterre quand je suis arrivé à Istres. Je n'ai pas cette fatigue et cette usure physique et mentale. Le foot, cela reste un super métier. J'ai cette chance de le pratiquer encore.» À le voir gambader en ce soir d'hiver 2023 pour sa 79e séance d'entraînement de la saison, il semblerait qu'il coche d'ores et déjà toutes les cases de l'année supplémentaire de carrière, histoire de franchir la barre des 50 ans... rugissants!