Attendu à Moscou au mois de mai prochain, le président de la République se rendra également à Pékin dans le courant de l'année. Annoncée lors d'une audience accordée par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani à l'ambassadeur de Chine en Algérie, Li Jian, cette visite relève d'un agenda bilatéral convenu depuis plusieurs années et confirmé par le président chinois, Xi Jinping, en décembre dernier, lors du Sommet sino-arabe qui s'est tenu à Riyadh. Le chef de l'Etat chinois a adressé son invitation par le biais du Premier ministre, Aïmene Benaderrahmane qui avait représenté le président Tebboune audit Sommet. Les deux diplomates, Belani et Jian, ont souligné l'importance de ce déplacement et convenu de la nécessité de faire de cet évènement politique majeur pour les deux pays, une réussite totale. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères, qui a rendu compte de l'entrevue entre les deux hommes, renvoie à l'urgence de faire évoluer le contenu du partenariat algéro-chinois dans le sens de sa consolidation, mais aussi de sa diversification. Il faut dire que compte tenu des liens historiques entre les deux pays, il est clair que le moment est opportun pour donner tout leur sens au «2e Plan quinquennal de coopération stratégique globale (2022-2026) et le Plan exécutif pour la concrétisation conjointe de l'Initiative de la Ceinture et de la Route et le Plan triennal (2022-2024) de coopération dans des domaines stratégiques». Ces deux agendas de coopération ne sont pas des coquilles vides, bien au contraire. Et pour cause, Belani et Li Jian ont abordé de façon directe des mégaprojets, parmi lesquelles, «la réalisation du port Centre de Cherchell, la valorisation de l'exploitation de la mine de fer de Ghar Djebilet à Tindouf, l'exploitation et la transformation du phosphate de Bled El Hadba (Tébessa) et Oued Kebrit à Souk Ahras, mais aussi le développement de la mine de zinc et de plomb de Oued Amizour à Béjaïa». Autant de réalisations qui installeront définitivement l'Algérie sur une trajectoire d'émergence économique. Ces immenses chantiers sont de nature à décupler le PIB à terme. C'est dire que le partenariat algéro-chinois fera d'Alger la plus importante plaque tournante euro-africaine en terme de potentiel de matière première, mais également comme un acteur économique incontournable. Ouverte sur l'Europe grâce à sa coopération avec l'Italie, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, l'Algérie s'imposera comme un géant africain inévitable dans le processus du développement du continent noir. À ce titre, son partenariat avec la Chine diversifiera les partenaires de l'Afrique et permettra de sauvegarder les intérêts de ses pays contre la voracité des multinationales occidentales. Cela pour dire que la prochaine visite du président de la République à Pékin est lourde de sens au double plan géopolitique et géostratégique. D'autant plus que sa volonté de faire en sorte à ce que l'Algérie rejoigne les Brics ne fait aucun doute. Une perspective appuyée à Moscou et Pékin et que l'ambassadeur Li Jian a renouvelé. Ceci constituera un apport non négligeable à l'organisation des pays émergeants et confortera l'Algérie en tant que destination majeure d'investissement de la part des Brics, mais également de pays occidentaux, dont l'intérêt est de ne pas perdre l'Afrique qui passe pour être la prochaine zone de croissance mondiale. L'ambassadeur chinois ajoutera à cette configuration régionale, «le rôle pivot de l'Algérie dans le monde arabo-musulman et son leadership avéré dans l'espace méditerranéen et sur la scène africaine». Le non-alignement prend tout son sens, sachant que le rapprochement avec la Russie et la Chine n'en est pas réellement un, en ce sens que les relations avec ces deux pays sont historiques. Les récents très importants contrats signés avec l'Italie et bientôt avec les Etats -Unis et l'Allemagne les lient à l'Algérie, la plaçant de fait, comme un centre d'intérêt de l'Ouest, comme de l'Est. Il n'en reste pas moins que l'approfondissement des relations économiques avec Pékin et Moscou est un fait stratégique majeur, en ces temps de forte concurrence pour le leadership mondial entre deux pôles de puissance. À ce propos, on retiendra des discussions entre Belani et Jian, une convergence de vues sur pas mal de dossiers, dont la réforme de l'ONU, ainsi que les questions palestinienne et sahraouie.