Très attendue par les observateurs les plus sagaces des relations internationales, la visite d'Etat de trois jours qu'effectue, depuis hier, le président Tebboune en Russie revêt un caractère très spécifique au vu du double contexte dans lequel elle intervient. Le premier étant lié à la guerre en Ukraine qui entame son seizième mois sans la moindre perspective d'un cessez-le-feu. Le second contexte coïncide avec la brillante élection de l'Algérie en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. S'appuyant sur ces deux arguments, ces mêmes observateurs décryptent ce déplacement sous l'angle particulier d'un apaisement des relations internationales: le président Abdelmadjid Tebboune s'est rendu à Moscou en messager de la paix. Une nouveauté? Loin s'en faut. Les instances internationales reconnaissent à l'Algérie ce rôle de leader dans le règlement des conflits au niveau régional, de par son rôle central dans la consécration de la stabilité, particulièrement dans la région du Sahel. En juin 2022, la diplomatie algérienne a participé à une réunion du Groupe de contact arabe au niveau ministériel sur la crise en Ukraine. Ont pris part à cette réunion, les ministres des Affaires étrangères des pays membres du Groupe (Egypte, Jordanie, Soudan, Emirats arabes unis, Irak et Royaume d'Arabie saoudite), ainsi que le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Ahmed Aboul Gheit. L'Algérie entend avoir les meilleurs rapports aussi bien avec la Russie, un des ses partenaires privilégiés, qu'avec l'Ukraine. En février dernier, elle a décidé de la réouverture de l'ambassade d'Algérie à Kiev en application des hautes instructions du président de la République. Partout, le message porté par les diplomates algériens a été le même: l'Algérie cherche à vivre en paix en Méditerranée et s'emploie à aider les pays qui en avaient besoin sans contrepartie politique. Abdelmadjid Tebboune n'a cessé de rappeler que la politique étrangère algérienne reposait sur les principes de paix et de refus de l'asservissement des peuples. Inscrit dans ses gènes diplomatiques, l'Algérie a toujours prôné un règlement pacifique des conflits. Ce n'est pas par amour de l'intrigue ou par une tendance innée à se quereller que la diplomatie algérienne a choisi le non- alignement et le droit des peuples à l'autodétermination. Un principe qu'elle a assumé et défendu ouvertement et sans contrepartie. Rares sont les nations comme l'Algérie qui se sont imposé les exigences morales dans la manière de mener les relations internationales. Elle s'est toujours battue pour un ordre mondial plus équilibré et plus juste bâti sur le droit international même quand l'effervescence conditionnait les rapports mondiaux au summum de la guerre froide. Il n'y a qu'à voir avec quel aplomb elle s'en est sortie de cet engrenage bipolaire. Aujourd'hui encore, elle garde un parfait équilibre entre les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), et les USA, un rattachement à l'Afrique et un recentrage sur l'Europe. Pas plus tard qu'il y a quelques mois, le président Tebboune rappelait dans l'une de ses interventions devant la presse que «L'Algérie n'est dépendante d'aucune orbite diplomatique.» Parce que la situation internationale instable a besoin de la voix de la sagesse privilégiant la paix, le dialogue, l'Algérie va consacrer, du haut de la tribune du Conseil de sécurité, une grande part de son énergie à défendre la paix dans le monde. Avant-hier, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, a posé les jalons de l'action algérienne au Conseil de sécurité de l'ONU. «L'Algérie, oeuvrera avec l'ensemble des pays membres à contribuer à promouvoir et à concrétiser les objectifs de paix et de sécurité auxquels aspirent les peuples du monde», a indiqué Ahmed Attaf dans une allocution lors d'une cérémonie à l'occasion de l'élection de l'Algérie en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité. L'engagement de l'Algérie, tel que déjà souligné par le président de la République, se reflète dans les priorités et les objectifs qu'elle compte promouvoir et concrétiser en Conseil de sécurité avec «rigueur, engagement et dévouement», a soutenu Ahmed Attaf.