Dans le cadre de la célébration du 60e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, la Cinémathèque algérienne, sise à la rue Larbi Ben Mhidi, a abrité, samedi, la projection en avant-première du film documentaire sur le chahid Brahim Benyettou (1929-1961). Une première réalisation signée par Abdelhamid Aktouf, bien connu dans le milieu audiovisuel et cinématographique, en tant que directeur photo surtout. À noter que cette projection comme toutes les autres qui ont précédé et vont suivre sont parrainées par le ministère de la Culture et des Arts. Ecrit par Mourad Hamdani, le film dresse le portrait du moujahid Brahim Benyettou de son enfance jusqu'à devenu adulte et suit son parcours de combattant jusqu'à son décès quelques mois avant l'indépendance de l'Algérie. Le documentaire retrace ainsi le parcours militant de l'un des héros de la Guerre de Liibération nationale face à la machine coloniale dans la wilaya III historique. Bravoure et sacrifice Le film se décline entre images d'archives en noir et blanc et des témoignages de ses proches et amis moudjahidine. Il est aussi agrémenté d'images de reconstituions avec la participation de véritables acteurs, entre enfant, hommes et femmes... C'est ce qui le rend attachant car il permet de nous immerger dans cette historie en suivant les étapes de sa vie, entre son enfance pieuse, sa jeunesse mature et discrète ainsi que sa force téméraire en tant que soldat prêt à mourir pour l'amour de sa patrie. D'ailleurs, l'on apprend que le jeune Brahim Benyettou a renoncé à son mariage pour rejoindre le maquis. Sa future femme, prévenue de cette rupture l'a quand même hébergée et menti aux Français lorsqu'ils ont fait irruption chez elle. Celle-ci arguera que Brahim Benyettou était en France. Ce dernier était parti effectivement rejoindre la France à un certain moment et combattre pour son pays à partir de l'Hexagone, avant de rentrer définitivement et rejoindre ses compagnons d'armes du FLN. Et de s'enrôler dans l'Armée de Libération nationale, où il fera connaissance de nombreux moudjahidine, notamment Si El Haouas etc. Parmi les témoins qui ont évoqué la mémoire de Brahim Yettou, un moujahid qui reconnaîtra la bravoure de Brahim Benyettou affirmant qu'il avait une grande connaissance de la région montagnarde car issu des villages pauvres, a contrario de beaucoup de moudjahidine qui venaient des villes et maîtrisaient progressivemnt la vie dans les maquis. Il était dans ce sens, d'une grande aide capitale pour ses compagnons d'armes. Beaucoup loueront ainsi son courage et sa vaillance à se battre pour exterminer l'ennemi. Notons que le documentaire est aussi parsemé d'images d'archives en noir et blanc. Des images qui font mal à regarder, car donnant à voir les milliers d'hommes algériens tombés au champ d'honneur...Une horreur indescriptible qui est renvoyée devant nos yeux. Des archives retraçant l'horreur Le documentaire est ponctué d'émotion sur cette période charnière qu'a connue l'Algérie alors que la guerre faisait rage. Ce documentaire quasi didactique fait, en effet, une rétrospective du parcours révolutionnaire du chahid et met en évidence sa personnalité, en s'appuyant sur des documents d'archives et des scènes représentatives, évoquant des étapes historiques phares de notre Guerre de libération. Pour étayer toutes ces images, le réalisateur s'est également basé, dans ce docu-fiction, sur les propos de certains historiens, et des témoignages livrés par des moudjahidine qui ont côtoyé le chahid, et par certains membres de sa famille comme son neveu qui était présent lors de la porjection-débat samedi dernier. Né le 12 décembre 1929 à Aïn el Hadjel (M'sila) dans une famille conservatrice, Brahim Benyettou rejoint, très jeune, l'école coranique avant d'être contraint de travailler pour aider sa famille. Parti en France en 1953 à la recherche d'opportunités de travail, le jeune Benyettou a rejoint l'action secrète nationale avant d'être arrêté et soumis à la torture. Au retour au pays, il rejoint les rangs de la Révolution. Malgré l'absence d'archives liées au martyr Benyettou et aux batailles qui ont eu lieu dans la région de Boussaâda et de M'sila, le réalisateur Aktouf a permis de nous faire découvrir un jeune homme qui se distinguait par sa discipline, sa force physique, son intelligence et sa connaissance approfondie de la géographie de la région, outre ses bonnes relations avec ses compagnons d'armes et son attachement viscéral à la cause nationale. Il a en outre occupé des postes de responsabilité successifs, notamment comme responsable de la région de «Djebel Meharka» et «Djebel Messaâd». Notons que cette projection qui dure une semaine a lieu simultanément dans toutes les cinémathèques qui se trouvent sur le territoire national.