Arrivé dans la matinée d'hier à Syrte, résidence de Maâmar Kadhafi, le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a eu plusieurs entretiens avec son hôte, le guide de la Révolution libyenne. Le premier round a eu lieu en présence des deux délégations, ensuite, les deux chefs d'Etat ont eu deux entretiens en tête à tête. En l'absence de communiqués communs sanctionnant la rencontre, on ne peut que se reporter à l'analyse des observateurs qui estiment que le Président Abdelaziz Bouteflika est en mission de médiation en Libye afin de convaincre son voisin et néanmoins ami Kadhafi de bien vouloir participer au sommet arabe qu'abritera Beyrouth au mois de mars prochain, comme nous le rapportions déjà dans notre précédente édition. L'urgence de la situation au Moyen-Orient, marquée par les exactions outrancières d'un Ariel Sharon plus arrogant que jamais, requiert, très certainement, que les pays arabes resserrent les rangs en vue d'apporter un soutien sans faille à l'Autorité palestinienne. Et ce, malgré le différend qui oppose le leader libyen à Nabih Berrih, chef du mouvement chiite et président du Parlement libanais qui lui reproche d'avoir fait assassiner le mufti chiite Moussa Sadr. Mais il ne fait aucun doute que les deux chefs d'Etat aborderont d'autres questions d'intérêt commun, comme le prochain sommet de l'Union du Maghreb arabe, qui ne s'est pas tenu depuis 1995, ou bien le renforcement des relations bilatérales algéro-libyennes, notamment à la suite de la promesse de la partie libyenne d'investir 500 millions de dollars en Algérie, et aussi en prévision de la création de la zone de libre-échange entre les deux pays. On retiendra aussi que le choix de la date du sommet entre le Président Bouteflika et son hôte libyen n'est pas fortuit et qu'il est fortement significatif, puisqu'il coïncide avec le deuxième jour de l'Aïd, une fête à laquelle les musulmans accordent une portée symbolique et qui est généralement célébrée en famille. Passer l'Aïd ensemble n'a pas d'autre signification que le désir de montrer tous les liens de fraternité et de bon voisinage qui existent entre les deux peuples. Il peut aussi constituer un exemple pour les autres pays maghrébins que sont la Tunisie, le Maroc et la Mauritanie. Après avoir été marquées par un froid glacial durant pratiquement toute la décennie 90, les relations algéro-libyennes ont connu un réchauffement certain ces dernières années, Bouteflika ayant appuyé l'initiative de Kadhafi en direction de l'Union africaine.