En temps de crise, les questions arrivent à une vitesse plus rapide que celle qu'on a dans le recueil des informations pour y répondre. L'évolution des événements paraît incontrôlable. La cellule de crise doit savoir maîtriser surprise, pression émotionnelle et temporelle. Toutes les crises peuvent être gérées à condition qu'il existe un bon niveau de préparation. Dans ce sens, un colloque a été ouvert hier à la Safex sous le thème «La communication dans les stratégies de gestion des risques». Le colonel de la Protection civile, M.Ali Ghalel, a indiqué, qu'«un plan de prévention et de sensibilisation est opérationnel au niveau de tous les hôpitaux». Il a ajouté que «depuis le séisme de Boumerdès, la Protection civile a lancé une vaste campagne de sensibilisation à l'intention des cadres de la Protection civile.» Ces derniers pourront, à leur tour, sensibiliser les citoyens à travers tous les établissements. Tous les secteurs sont concernés par cette campagne de sensibilisation. M.Ali Ghalel a signalé que «tous les secteurs veulent établir une manoeuvre de prévention et la Protection civile essaie d'établir un programme selon les priorités.» En effet, la loi relative aux risques majeurs et à la gestion d'une catastrophe, précise que les problèmes de la communication et de la prévention sont ceux de tous les citoyens. Le rôle de la Protection civile est de développer la prévention afin d'éviter le pire. Ensuite, M.Azzedine Boudiaf, spécialiste des risques géologiques a précisé qu'«une bonne communication entre l'expert et l'Etat est systématique.» Il ajoute que «le citoyen doit faire le nécessaire pour lui-même et tenir compte de ces risques». Le citoyen est la cheville ouvrière de tous les problèmes liés aux risques en Algérie. Le maire est carrément l'élément fondamental de cette stratégie de prévention. La loi de 2004 sur les catastrophes naturelles est la conséquence d'une suite de plusieurs accidents en Algérie, notamment une série de séismes depuis 1980. Ce n'est qu'après ces catastrophes que les responsables au niveau national ont commencé à réfléchir et à prévoir des dépenses. A cet effet, M.Azzedine Boudiaf a déclaré que «l'Algérie est un pays jeune et le mieux équipé en termes de gestion des risques, à l'échelle maghrébine». Il reste, toutefois, des carences en communication. Or, s'il n'y a pas de communication entre le décideur et le citoyen, le but ne sera pas atteint, insiste-t-il. Le spécialiste a ainsi donné l'exemple de la ville d'Alger. Celle-ci, il y a quelque temps, ne disposait pas d'une carte d'occupation des sols. Les experts ne savaient pas qui habite où. Alors ils ont programmé un satellite en 2004 qui passe au-dessus de la ville d'Alger pour une photo satellite de toute la wilaya. Ils ont cartographié les maisons, les zones industrielles, tout ce qui est édifices publics. Le travail a été fait en trois mois: 20 ingénieurs ont travaillé d'arrache-pied pour finaliser un programme de 15 ans. M.Azzedine Boudiaf a déjà publié, en 1996, un rapport sur la zone de Zemmouri qui est une région sismique et constitue une menace pour Alger. A l'époque, la communication ne passait pas. La communication entre l'expert et l'Etat doit être systématique. Et pour cause! Il est à signaler que le temps représente un facteur crucial. Or, cela n'est guère évident d'autant plus que souvent, les secouristes se heurtent à des obstacles comme les difficultés d'accès qui paralysent une entreprise par le simple fait de la perte de temps dans la course entre médias et version des faits, du temps qui manque pour établir l'état des lieux en temps réel. Ainsi, le fameux principe de précaution oblige à prendre ici, et maintenant, une décision -faire ou ne pas faire- sans pouvoir évaluer ni la probabilité d'un risque, ni son existence même, ni l'état de la connaissance future qui permettra de vérifier ou d'invalider une hypothèse.