Les conséquences économiques de cette épizootie se font déjà sentir chez les aviculteurs du monde entier. L'Organisation mondiale de santé animale (OIE) a annoncé hier la détection de plusieurs cas de contamination par le virus H5N1 au Niger. Cette annonce intervient au moment où des informations évoquant la propagation de la grippe aviaire se font de plus en plus insistantes. La maladie se propage sur trois continents, l'Europe, l'Afrique et l'Asie à une vitesse telle, qu'il devient humainement impossible de la stopper. L'évolution de la grippe aviaire est vraisemblablement beaucoup plus rapide qu'on l'avait craint au début le l'épizootie. Ainsi, avant les volailles du Niger, celles du Nigeria, de la Croatie, de la France, du Pakistan, de la Russie, d'Allemagne...et d'autres pays sont touchées par le H5N1, rendant quasiment impossible un éventuel arrêt de la progression de la maladie, par les moyens de lutte qui sont mis sur le terrain par l'ensemble des pays confrontés directement ou indirectement à la grippe aviaire. Il est donc clair, et plusieurs observateurs le confirment, que la déclaration de la maladie en Algérie n'est qu'une question de temps. Les cas révélés au Niger et une forte suspicion au Maroc, à l'origine de la mise en place d'une cellule de crise, attestent, si besoin est, qu'aucune nation n'est à l'abri de la maladie. Les deux pays frontaliers de l'Algérie, eux-mêmes contaminés par des foyers se trouvant dans des pays voisins, transmettront, sans doute, le H5N1 aux volatiles présents sur le territoire national, lequel est une zone de passage d'oiseaux migrateurs, principaux vecteur de transmission de la grippe aviaire. En effet, les premiers signes de l'apparition de la maladie sont d'abord détectés chez des cygnes notamment. Pour l'heure, aucun cas de grippe aviaire n'est signalé dans les élevages avicoles algériens. Les mesures prises par les autorités compétentes, relatives au confinement de la volaille et l'interdiction de l'abattage à l'air libre, ainsi que les prélèvements effectués à périodes régulières dans les zones à risque, constituent certes autant de gestes de précaution, mais qui ne peuvent rien contre la déclaration-surprise de la maladie en Algérie. Aussi, la décision de fabrication du seul médicament à même de réduire le taux de mortalité chez l'homme en cas de mutation du virus de la grippe aviaire, passe pour être une réaction sage de la part de l'Etat, face à une situation qui semble échapper à tout contrôle. En effet, les six millions de doses de Tamiflu que produira Saïdal d'ici à 2007, constituent en soi, une réserve qui donnera au pays une arme efficace pour combattre une éventuelle pandémie. En attendant, il est clair que rien de réellement efficace ne peut être entrepris pour lutter contre le H5N1, dans sa forme actuelle. Cela dit, les conséquences économiques de cette épizootie se font déjà sentir au sein de la corporation des aviculteurs du monde entier. La chute drastique du prix du poulet a amené nombre d'entre eux à mettre la clé sous le paillasson. Les aviculteurs algériens ne font pas exception, cela, avant même que la grippe aviaire ne touche les élevages du pays. Il faut dire que la pression médiatique aidant, les citoyens semblent avoir pris la décision de consommer le moins possible le poulet. Qu'en sera-t-il, lorsque des cas de grippe aviaire seront rendus publics en Algérie ? L'on imagine «la catastrophe» économique qui se profile à l'horizon. Pour autant, il y a lieu de signaler que les Algériens gardent tout de même la tête froide et l'initiative prise par les ministères de la Santé et de l'Education d'introduire des cours sur la maladie dans les écoles de la République est de nature à dédramatiser le phénomène et pourrait même amener les citoyens à ne pas fuir le poulet. Qui sait?