L'Ijtihad ou la jurisprudence se réalise toujours avec les exigences du moment. Selon le directeur général de la Bibliothèque nationale, Amine Zaoui, «l'élite algérienne ne dépasse pas 2%». Par un simple calcul, l'on saura que l'élite du pays ne représente que 600.000 personnes. «C'est cette frange de la société qui doit s'occuper de l'ijtihâd, c'est-à-dire de la jurisprudence», a déclaré, hier, M.Zaoui qui s'exprimait lors du Colloque international sur la jurisprudence et les enjeux de la modernisation dans le monde arabe, organisé par la Bibliothèque nationale. Littéralement, le mot «Idjtihâd» ou jurisprudence signifie «faire des efforts». Dans la terminologie islamique, ce terme est employé pour désigner les efforts entrepris afin de dégager une définition, une explication au sujet d'un fait ou d'un terme religieux qui n'a pas d'indications explicites et claires, à partir des sources premières de l'Islam, le Coran et les Hadiths. La jurisprudence n'est, cependant, pas à la portée de tout un chacun. «C'est une affaire d'intellectuels», considère M.Zaoui. A cet effet, les compétences requises pour cela sont très importantes. La liberté de penser, quant à elle, est primordiale. «Pour qu'il y ait ijtihad il faudrait qu'il y ait d'abord liberté», a conclu son intervention le directeur général de la Bibliothèque nationale. Peut-on avoir toujours recours au passé pour expliquer le présent dans la nature des transformations structurelles et institutionnelles d'une société musulmane? Pour le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, M.Bouabdallah Ghlamallah, l'ijtihad dépasse la définition classique: «L'ijtihad est censé apporter des solutions à des questions actuelles», a-t-il soutenu. Selon M.Ghlamallah, la jurisprudence se réalise toujours avec les exigences du moment. «C'est d'ailleurs là une des vérités historiques qu'on ne peut nier», a-t-il ajouté. Le ministre explique, dans ce contexte, que les nouveaux défis de la planète sont multiples. Les concepts tels que la mondialisation, la globalisation, remettent à l'ordre du jour une certaine façon de se comporter dans le concert des nations. Ce colloque de trois jours vise, selon ses organisateurs, à enrichir un débat responsable et sérieux sur la jurisprudence dans le monde musulman. Ce colloque intervient, selon les mêmes organisateurs, à un moment opportun, la circonstance où cette religion «fait l'objet d'agressions et d'atteintes». Les participants au colloque débattront, au long de ces trois jours, plusieurs thèmes liés à la jurisprudence et à la modernité au cours de 9 séances. Au cours de chaque séance, 4 à 5 conférences seront données. Parmi les thèmes proposés au programme, l'on cite «La pensée de la jurisprudence et la culture d'avenir», «La relation entre la jurisprudence et la modernité», «Les aspects du renouveau dans le soufisme», «La crise de la jurisprudence dans la pensée arabe contemporaine» et enfin «La jurisprudence entre endoctrinement et fanatisme».