«Notre soutien au Président, intervenu du temps où il était candidat, n'a pas changé depuis.» Mohamed Taleb-Chérif, président du PNSD et sénateur désigné, a rendu visite lundi à notre rédaction. Notre invité a d'emblée mis en avant les «chances du PNSD de se doter d'un groupe parlementaire à la faveur des législatives du 30 mai prochain». Et de nous livrer une révélation de taille: le président de ce parti est tête de liste à Tizi Ouzou. Sans trop chercher à jeter de l'huile sur le feu, il reconnaîtra que lui et tous les candidats en lice en Kabylie «ont fait l'objet de diverses provocations, menaces et tentatives d'intimidation.» Notre interlocuteur explique ce choix par le fait qu'«étant membre de la direction nationale du PNSD et n'étant même pas natif de la région, c'était une manière originale et symbolique de dire que l'Algérie est une et indivisible et, donc, de contrer tous les aventuriers qui revendiquent sa partition au profit d'intérêts occultes et le plus souvent étrangers». Pour notre interlocuteur, le péril islamiste existe bel et bien. «Le danger, cependant, remonte à 89, quand des partis islamistes avaient été agréés.» S'agissant des législatives à venir, Mohamed Taleb Chérif estime: «Le danger ne vient pas des islamistes présents au gouvernement, s'abreuvant et se nourrissant à la mangeoire du pouvoir. Le danger vient du parti de Djaballah, au demeurant digne de respect, qui a su résister à toutes les tentations, qui a fait un grand travail de proximité auprès des populations et qui peut fort bien rafler la mise lors des élections du 30 mai prochain.» Ainsi, pour notre interlocuteur, «si les islamistes arrivent à se tailler une belle part dans la future APN, la République sera bel et bien en danger». Abordant la problématique de la Kabylie, notre interlocuteur dira: «Les émeutes sont, certes spontanées, nées du tragique assassinat du jeune Guermah Massinissa, mais elles ont vite fait d'être récupérées par certaines parties, dont une en quête de réhabilitation après un passage désastreux par le gouvernement.» Pour lui, le même phénomène explique les émeutes nées aux quatre coins du pays, et même dans certaines de ses prisons. Pour lui, trois erreurs de taille ont été commises, qui ont fait que la crise en Kabylie n'a pu trouver d'issue favorable jusqu'à maintenant. La première concerne «les négociations faites par le chef du gouvernement avec des ârchs bel et bien Taiwan». La seconde a trait à un phénomène connu de tous: celui du «décalage existant entre toutes les décisions prises par le pouvoir et le moment idoine où il fallait les prendre.» La troisième, enfin, a trait au «retard pris dans les interpellations des responsables de ces émeutes». A notre question sur l'existence d'une contradiction entre les interpellations demandées d'une part, et le dialogue mis en avant de l'autre, notre invité dira qu'en effet, «les interpellations ne devaient se faire que si le dialogue avait bel et bien échoué». Cela, n'empêchera pas M.Taleb Chérif d'ajouter que le pouvoir devrait relâcher tous les détenus, afin de diminuer les tensions. Il ne propose rien de moins au Président, que de mettre en place «une seconde grâce amnistiante, destinée aux émeutiers, celle-là» S'agissant de la situation sécuritaire, le président du PNSD estime que «la concorde a apporté des fruits plus qu'appréciables.» Et ce, avant de déplorer que tous ceux qui applaudissaient hier à la concorde soient devenus ceux qui, aujourd'hui, la décrient sans la moindre retenue.