Ils seront frappés d'interdiction de chéquier d'une durée de 5 ans. Les banques et les établissements financiers sont en train de mettre en place un dispositif qui visera à sécuriser de plus en plus les opérations bancaires et financières. Tricheurs, escrocs, mauvais clients ne pourront plus avoir d'alibi. Ils figureront désormais sur le fichier du central des impayés. Leur identité sera communiquée à l'intégralité des banques et au Trésor. Ils auront 30 jours pour régulariser leur situation. Une initiative qui ne privilégie aucunement la répression, selon le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers, Abderrahmane Benkhalfa. La sécurisation du chèque figure parmi les priorités de la réforme bancaire. Il occupe une place prépondérante dans la «traque» des mauvais clients, même s'ils sont de moins en moins nombreux, a tout de même tenu à faire remarquer M.Benkhalfa qui s'exprimait, hier matin, sur les ondes de la Radio nationale. Ce dispositif, qui est déjà opérationnel, est en soi une petite révolution au sein du système bancaire algérien caractérisé par un archaïsme qui ferait fuir n'importe quel investisseur parmi les plus audacieux. Avec un dispositif doté de moyens modernes et électroniques, les futurs traitements devraient assurer confort et sécurité aux opérateurs économiques, mais aussi aux citoyens ne possédant que de simples comptes courants. «Plus de 6000.000 de chèques ont été traités avant la confection du papier», a fait savoir l'invité de la Chaîne III. Il s'agit d'une opération d'envergure. Elle concerne pas moins de 1000 terminaux à travers l'ensemble du territoire national. Sans compter les 1400 points bancaires en plus des bureaux de poste. La sécurisation du porteur est l'un des objectifs que s'est fixé ce projet. Le chèque est considéré comme un instrument indispensable dans le processus de modernisation des transactions financières. Sa sécurisation a été traitée en concertation avec les services concernés du ministère des Finances. «Le chèque est, d'ailleurs, produit dans les mêmes conditions que les billets de banque», a tenu à souligner M.Abderrahmane Benkhalfa. Et ce n'est un secret pour personne que de signaler que cette opération vise à mettre fin à l'utilisation du «cash». Des millions, voire des centaines de millions de dinars circulent de main en main. La somme qui échappe au circuit financier officiel est estimée à quelque 90 milliards de dinars. Afin de mettre un terme aux opérations frauduleuses et lutter contre la corruption, le gouvernement avait adopté une disposition à la fin de l'année 2005. Elle consistait à ne pas émettre un chèque dont la somme dépasserait les 50.000 DA. Elle devait entrer en vigueur le 1er septembre 2006. Elle fut gelée le 5 septembre de la même année par M.Mourad Medelci, alors ministre des Finances. Cette disposition semble à nouveau être d'actualité. Alors, un décret pour bientôt? Des consultations semblent être déjà entamées pour définir le cadre légal d'une telle décision. «Les banques sont en concertation avec le ministère des Finances pour arrêter, entre autres, le seuil du montant autorisé à être retiré», a confié M.Benkhalfa. La réforme financière et bancaire qui semblait s'être endormie sur ses lauriers sort enfin de sa torpeur.