C'est toute la société civile qui se mobilise pour faire face à ce premier rendez-vous qui particularise la communauté musulmane à travers le monde. La question est crue et cruelle. Il ne faut cependant pas se voiler la face. La pauvreté gagne de plus en plus les foyers algériens. A Béjaïa, le nombre de repas chauds à distribuer au moment de la rupture du jeûne est passé du simple au double. 200 repas quotidiens au lieu de 100 l'année dernière. A Guelma près de 70.000 élèves nécessiteux ont été recensés, et la liste est longue. Chaque région recense ses pauvres. Alger, Oran, Annaba, Constantine...aucune métropole, aucun village, n'est épargné. Comment alléger, un tant soit peu, les contraintes financières imposées par le mois sacré du Ramadhan et la rentrée scolaire. La problématique est double et l'affaire est devenue nationale. A moins d'une semaine de ce mois de piété qu'est le Ramadhan, c'est l'ensemble des quarante-huit wilayas que compte le territoire national, qui sont sur le pied de guerre. Croissant-Rouge algérien, associations de bienfaisance, restaurants...c'est toute la société civile qui se mobilise pour faire face à ce premier rendez-vous qui particularise la communauté musulmane à travers le monde. Qualifié de mois de la Rahma, il constitue une aubaine pour les spéculateurs de tout acabit pour saigner un peu plus, le pouvoir d'achat des ménages algériens. Et chaque année c'est le même scénario qui est reproduit. A défaut d'une recette miracle, il est fait appel à l'âme charitable et à la générosité des associations, de simples citoyens qui ne sont d'ailleurs plus à démontrer. Les pouvoirs publics ne sont pas en reste. Ils se mobilisent à travers le ministère de la Solidarité nationale qui se distingue chaque année à cette occasion. La prime de scolarité s'élève à 2000 DA par enfant scolarisé. Un petit tour du côté des magasins permet de se rendre compte qu'elle est loin d'être suffisante. Un cartable à peu près correct se négocie autour des 500 DA si l'on ajoute à cela les fournitures scolaires (cahier, livres, stylos...) et surtout le budget nécessaire à l'achat des vêtements neufs, et il ne restera pas un centime de cette somme, qui paraît bien dérisoire par les temps qui courent. Faut-il pour autant faire la fine bouche pour des familles qui comptent quatre enfants scolarisés en moyenne? «Faute de grives on mange des merles». Le nombre de familles démunies est loin d'être recensé avec exactitude. Si certaines d'entre elles cachent leur condition par pudeur, d'autres plus nanties ne reculent devant rien pour bénéficier de cette manne. Souvent par complicité. Le manque de fiabilité du recensement des ménages nécessiteux et d'adaptation des services sociaux à traiter ce phénomène, laisse une brèche aux intrus qui n'hésitent pas à profiter de cette aubaine pour engranger quelques milliers de dinars de plus. Ce n'est certainement pas une administration corrompue et quelques fonctionnaires véreux qui s'opposeront à la délivrance de faux certificats de non activité ou de fausses fiches de paie. Les pauvres sont ainsi pénalisés deux fois. Le nombre de nécessiteux ne cesse de croître. Il risque même «d'exploser». A Béjaïa, il s'est accru de plus de 300 âmes jusqu'à aujourd'hui, selon des statistiques officielles. La wilaya de Boumerdès a débloqué plus de 2,5 milliards de centimes, spécialement pour le mois de Ramadhan. Un peu partout et à travers chaque commune, des salles de restauration sont aménagées pour accueillir les démunis, les ouvriers qui sont loin de chez eux et des citoyens qui ne mangent certainement pas à leur faim durant toute l'année. La direction de l'action sociale à Tizi Ouzou avait recensé pas moins de 22.059 familles dans le besoin dont 1703 à Aïn El Hammam. A Bouira, près de 24.000 familles ont été prises en charge par les services de la DAS en 2007. La paupérisation gagne les foyers algériens et elle montre son visage le mois sacré de Ramadhan.