Les vieilles bâtisses de Bouira doivent être détruites pour laisser place à un nouvel aménagement. La Maison de la culture Ali-Zamoum a abrité, la semaine dernière, un séminaire pour débattre la requalification et la rénovation de l'ancienne ville de Bouira. Organisée par un comité présidé par le chef de daïra sous le patronage du wali, le regroupement a réuni les différents partenaires impliqués dans cette opération initiée depuis 1974 lorsque Bouira était promue wilaya. Les propriétaires des haouchs, les promoteurs, les notaires, les élus, l'Ugea et l'administration ont débattu la faisabilité du projet. D'emblée, le chef de daïra a expliqué que l'Etat est garant de la sécurité des biens et des personnes et qu'il s'est engagé à faire face aux risques qu'encourent les familles qui vivent dans des conditions déplorables. Le chef de daïra précise qu'il faut évaluer les actions entreprises jusque-là dans la maturation de ce dossier. «La rénovation passe obligatoirement par la démolition de certains sites qui menacent ruine. La décision du wali de réactiver ce dossier s'inscrit dans le souci de donner à la wilaya, une capitale digne de ce nom», dit-il. Le projet ne s'arrête pas seulement à la démolition du bâti vétuste, mais il a aussi pour objectif l'organisation de la circulation, le respect de l'environnement, la sécurité des citoyens et une occupation rationnelle du foncier. Le noyau colonial que sont les POS U2 et U4 connaissent une saturation avec un bâti vétuste et un dysfonctionnement du système viaire. Ces constats ont conduit l'administration de l'urbanisme et de la construction à engager une révision du Pdau. Dans l'effort de restructuration entamé, figure l'élargissement des voies. La wilaya a opté pour la création de boulevards structurants (six au total) et de noeuds visant à ren-dre la circulation plus fluide et à désenclaver les quartiers. Les six boulevards constitueront les axes d'où partiront des ramifications et relieront l'ensemble du tissu urbain de cette ville. Des périphériques sont aussi programmés pour désengorger la circulation. La wilaya a commencé par la démolition des bâtisses érigées sur des terres du domaine public de l'Etat ou relevant du bien communal, à l'image de l'ex-Auberge des jeunes, de la recette des Impôts, du siège de la Badr, de l'ex-dépôt Edipal et de Naftal. La wilaya annonce que l'ensemble des sites évacués seront réservés aux édifices publics et les chantiers démarreront au plus tard au début de l'année 2010. La ville de Bouira a eu le statut de commune en 1868. La ville a connu ses premières extensions entre 1830 et 1962. Des patios étaient érigés le long de l'actuelle rue Abane-Ramdane. Dans le cadre du plan de Constantine, trois cités sont réalisées au profit de 12.000 âmes. Promue wilaya en 1974 après avoir été rattachée à Tizi Ouzou, la ville bénéficie d'une opération de réaménagement et de réhabilitation. Le projet a commencé avec la réalisation de deux cités en barre à l'entrée-sud. Le projet est vite interrompu suite à l'opposition des propriétaires des terrains. Compte tenu de la première tentative de rénovation en 1974, plusieurs formules de partenariat avec des promoteurs sont proposées tout comme l'expropriation avec indemnisation. Ces formules sont laissées à l'appréciation des propriétaires qui choisiront l'approche la plus satisfaisante. Dans deux mois, des brigades expertiseront les sites et désigneront ceux les plus dangereux. Les propriétaires de logements sont intervenus pour obtenir des explications sur l'avenir de leurs clients. Certains ont demandé la prise en charge des actuels occupants par les pouvoirs publics, la délocalisation des commerces et le droit de continuer à disposer du foncier. Le wali a répondu que l'Etat ne prendra en charge que les locataires. Il ajoute que les formules proposées prennent en compte l'intérêt de chaque partie. Il estime que la balle est dans le camp des propriétaires. Jusqu'en 2009, l'ancienne ville était laissée dans un état d'abandon et de délabrement. La détérioration des réseaux de voirie et d'assainissement, l'exiguïté du réseau viaire et l'apparition des constructions illicites donnent à la ville une image hideuse. Enfin, à signaler que le wali a conclu son intervention dans le noir suite à une coupure d'électricité: «Sonelgaz! Voilà un dossier sur lequel nous devrons nous pencher rapidement», a-t-il dit.