Talent, calme, maîtrise, réussite. Des mots qui collent à la perfection à l'oeuvre de Laurent Blanc, aussi bien sur le terrain que pour sa première expérience sur un banc. Talent, calme, maîtrise, réussite. Des mots qui collent à la perfection à l'oeuvre de Laurent Blanc, aussi bien sur le terrain que pour sa première expérience sur un banc. Il aura encore besoin de tous ces atouts pour écrire le nouveau chapitre de sa carrière, qui est aussi le prochain de l'histoire de l'équipe de France. Car le président a enfilé les habits de sélectionneur des Bleus après en avoir écrit les plus belles pages, crampons aux pieds. Des pages, Blanc doit justement en tourner quelques unes dès son entrée en fonction. Pour son premier match à la tête de la sélection, il doit d'abord faire oublier le triste épisode d'Afrique du Sud 2010, tant sur le terrain qu'en coulisses, et surtout tirer un trait sur la génération dorée de 1998. Pour la première, la plus urgente, l'ancien défenseur est conscient de l'ampleur de la tâche. «On aurait pu penser qu'après la Coupe du Monde, un nouveau sélectionneur pourrait s'appuyer sur un noyau de joueurs. Mais après ce qui s'est passé, le noyau, ce n'est même pas le pépin d'un melon!», plaisante-t-il en annonçant sa première sélection dans laquelle ne figure aucun des 23 mondialistes. «Mon travail sera de trouver un noyau fort au niveau sportif et de l'état d'esprit.» Un peu contraint par la sanction des «grévistes», mais très motivé par l'idée de donner un nouveau souffle à l'équipe, Blanc a donc appelé pour le match amical contre la Norvège du 11 août prochain un groupe de 22 joueurs où figurent 16 pensionnaires de Ligue 1 et 13 joueurs ne comptant aucune sélection, dont sept vont même découvrir Clairefontaine pour la première fois. Forcé par les circonstances, le nouveau sélectionneur veut également en tirer profit pour bénéficier de joueurs prêts physiquement, et frais mentalement. «Les championnats étrangers reprennent plus tard que le championnat français. Il m'est apparu important de prendre plus de joueurs qui évoluent en L1, parce qu'ils sont les mieux préparés», justifie l'ancien Marseillais, avant d'ajouter: «C'est une bonne opportunité pour eux de prouver leurs qualités et de démontrer qu'ils auront leur mot à dire lors des prochaines convocations. Dans cette liste, certains auraient été là quoi qu'il arrive.» Du coup, au milieu des néophytes Mathieu Debuchy, Mamadou Sakho, Benoît Trémoulinas, Yohan Cabaye, Blaise Matuidi, Charles Nzogbia ou Jérémy Menez, les grands absents d'Afrique du Sud 2010, notamment Samir Nasri, Karim Benzema ou Philippe Mexès, font figure de cadres. Le défenseur de l'AS Rome est d'ailleurs, à 28 ans, celui qui devra rendre la meilleure copie après un brouillon décevant lors de ses précédentes sélections. «En charnière centrale, il faut rebâtir car en Afrique du Sud, on n'a pas pu compter sur une assise défensive. Il y a tout à faire», annonce Blanc, ouvrant la porte à celui qui lui avait succédé dans l'arrière-garde d'Auxerre. «Mexès est un très bon défenseur central en club, mais il y a un décalage avec ce qu'il a montré en sélection. Je lui ai dit: ‘Le train est passé une fois. Fais en sorte d'y monter s'il passe une deuxième fois'.» Mais au-delà de la défense centrale, c'est un ouvrage bien plus vaste qui attend Blanc: tourner définitivement la page de la génération France 1998, qu'il a lui-même menée si haut. Car entre son équipe qui a dominé le monde pendant plusieurs années, et celle qu'il alignera à Oslo ce mercredi, seule la couleur du maillot n'a pas changé. Les Bleus entreront en effet sur la pelouse dans la peau de la 21ème nation mondiale, leur pire classement depuis avril 1998. C'est à cette époque que se construisait une équipe qui allait tout rafler sur son passage dont la Coupe du Monde de la FIFA 1998. Des 22 héros, seuls David Trezeguet, Patrick Vieira et Thierry Henry sont encore en activité. Or le premier a été mis à la retraite forcée par Raymond Domenech, et a peu de chances de revenir en sélection à presque 33 ans, et les deux autres ont déjà annoncé avoir tourné la page internationale. Cela ressemble à la fin définitive d'une ère, mais laisse la voie libre à Laurent Blanc pour marquer la nouvelle de son empreinte. «On peut faire table rase du passé et repartir avec de nouveaux joueurs, mais tout le monde dira alors que l'équipe de France est mauvaise», précise-t-il, sous-entendant ainsi ne pas faire de croix définitive sur les joueurs présents en Afrique du Sud. «Cela ne me suffira pas non plus. Car je suis devenu sélectionneur comme j'étais devenu entraîneur de Bordeaux: pour gagner.» En Gironde, il ne lui avait fallu que deux ans pour décrocher le titre de champion. Deux ans, c'est justement ce qui sépare Blanc et les Bleus de la prochaine échéance: l'UEFA Euro 2012...